Condamnation de Le Pen : la diplomatie américaine juge «préoccupante» l’«exclusion» de candidats

La condamnation de Marine Le Pen à une peine de cinq ans d’inéligibilité, donnée favorite par les sondages en vue de l’élection présidentielle de 2027, a provoqué de multiples condamnations outre-Atlantique. L’administration Trump a notamment dressé un parallèle avec la «guerre judiciaire» essuyée par le candidat républicain.
La condamnation de Marine Le Pen, par le tribunal de Paris, n’en finit pas de faire réagir à Washington. «L’exclusion de personnes du processus politique est particulièrement préoccupante compte tenu de la guerre judiciaire agressive et corrompue menée contre le président Donald Trump ici aux États-Unis», a déploré lors d’un point presse le 31 mars la porte-parole du département d’État américain, Tammy Bruce, en réaction à une question sur la condamnation de la députée du Rassemblement national (RN) du Pas-de-Calais.
Plus tôt dans la journée, dans l’affaire des assistants parlementaires d’eurodéputé du parti à la flamme, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné la favorite des sondages pour l’élection présidentielle française de 2027 à quatre ans de prison (dont deux ferme aménagés avec bracelet électronique) ainsi qu’à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire. Cette sentence devrait empêcher Marine Le Pen de briguer la fonction suprême en 2027. Une «décision politique» qui a fustigé la principale intéressée depuis le plateau de TF1, estimant que «l'état de droit avait été totalement violé».
«Une affaire très importante» estime Trump
Une position «en tête» dans les sondages également soulignée ce 1er avril par Donald Trump lui-même, depuis le Bureau ovale. «Cela fait penser à notre pays, cela ressemble beaucoup à notre pays», avait-il enchainé, répondant à une question sur la condamnation de Marine Le Pen et évoquant «une affaire très importante».
«Essayent-ils simplement de prouver que JD Vance avait raison sur toute la ligne ?» avait lancé la veille, sur X, le fils du 47e président des États-Unis, Donald Trump Jr.
France is sending le Pen to jail and barring her from running?!
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) March 31, 2025
Are they just trying to prove @JDVance was right about everything? https://t.co/XmRvqgh5nB
Lors d’un discours prononcé à la Conférence de la sécurité de Munich, mi-février en Allemagne, le vice-président américain avait notamment pointé du doigt «le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales», évoquant dans la foulée les «déclarations cavalières» de l’ex-commissaire européen Thierry Breton concernant l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie fin 2024.
«Nous devons faire davantage que simplement parler de valeurs démocratiques. Nous devons les incarner» avait-il lancé, s’inquiétant de ce qu’il était «advenu de certains vainqueurs de la Guerre froide». «La menace qui m’inquiète le plus en Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni celle d’aucun autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace venant de l’intérieur», avait-il encore déclaré.
«Attaques judiciaires» : Musk prédit un «retour de bâton»
«Lorsque la gauche radicale ne peut pas gagner par le biais d’un vote démocratique, elle abuse du système judiciaire pour emprisonner ses opposants. C’est son mode opératoire à travers le monde», avait lancé quelques instants plus tôt, également sur X, Elon Musk. Il y aura «un retour de bâton», a estimé le chef du Département de l'Efficacité gouvernementale, dans un autre poste, dressant un parallèle avec «les attaques judiciaires» menées à l’encontre de Donald Trump avant sa victoire électorale de novembre 2024.
When the radical left can’t win via democratic vote, they abuse the legal system to jail their opponents.
— Elon Musk (@elonmusk) March 31, 2025
This is their standard playbook throughout the world. https://t.co/FgmgeyQ2rp
Une ligne également mise en avant, en France, par l’avocat et ancien juge d’instruction Hervé Lehman dans les colonnes du Figaro, soulignant que les conséquences de ce jugement demeurent «difficilement prévisibles». «Aux États-Unis les poursuites multiples contre Donald Trump n’ont fait que le renforcer», a-t-il notamment rappelé, dressant le constat d’une «sévérité de plus en plus grande» des tribunaux français, et ce «particulièrement à l’égard des élus de droite».
Dans un sondage Ifop, publié la veille de la décision des juges, Marine Le Pen était créditée entre 34 et 37% d’intentions de vote lors du premier tour des présidentielles de 2027, devançant nettement les ex-Premier ministres d’Emmanuel Macron : Édouard Philippe et Gabriel Attal, respectivement donnés à 21 % et 20 % selon les scénarios.