La balle ayant tué la journaliste Shireen Abu Akleh remise aux Etats-Unis
- Avec AFP
L'Autorité palestinienne a remis aux Américains pour expertise la balle ayant tué en mai la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, reporter vedette de la chaîne Al Jazeera.
Le procureur en chef palestinien Akram Al-Khatib a indiqué à l'AFP le 2 juillet que la balle fatale à Shireen Abu Akleh, tuée le 11 mai en couvrant une opération militaire israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée, avait été remise aux Etats-Unis qui vont l'expertiser. Il a ajouté que ces derniers s'étaient engagés à la rendre aux Palestiniens.
Selon des sources palestiniennes à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, l'expertise sera menée à l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.
D'après le procureur palestinien, il s'agit d'une balle de calibre 5,56 mm tirée par un fusil semi-automatique Ruger Mini-14. Ces derniers développement interviennent moins de deux semaines avant la visite du président étasunien Joe Biden en Israël et en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son accession à la Maison Blanche.
L'Autorité palestinienne, Al Jazeera et le Qatar, pays finançant Al Jazeera, ont accusé, immédiatement après sa mort, l'armée israélienne d'avoir tué la journaliste palestinienne, qui détient également la nationalité américaine. Le 24 juin, le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a conclu que la journaliste avait été tuée par un tir israélien.
L'armée israélienne ne cesse de dire qu'il est «impossible de déterminer si [la journaliste] a été tuée par un homme armé palestinien tirant aveuglément dans le secteur où elle se trouvait, ou par inadvertance par un soldat israélien». Elle a en outre appelé maintes fois l'Autorité palestinienne à lui remettre la balle fatale, seul moyen selon les militaires israéliens de réellement déterminer qui a tiré. Les Palestiniens ont cependant refusé et plutôt demandé aux Israéliens de leur remettre l'arme suspecte.
«Toutes les informations que nous avons recueillies – y compris de l'armée israélienne et du procureur général palestinien – corroborent le fait que les tirs qui ont tué Mme [Shireen] Abu Akleh et blessé son collègue Ali Sammoudi provenaient des forces israéliennes et non de tirs indiscriminés de palestiniens armés comme l'affirmaient initialement les autorités israéliennes», a déclaré le 24 juin une porte-parole du Haut-commissariat, Ravina Shamdasani. «Nous n'avons trouvé aucune information suggérant qu'il y ait eu une quelconque activité de Palestiniens armés à proximité des journalistes», a souligné Ravina Shamdasani, estimant qu'il était «profondément troublant que les autorités israéliennes n'aient pas ouvert d'enquête judiciaire».
Israël a rejeté les accusations de l'ONU, le ministre de la Défense Benny Gantz évoquant une enquête «sans fondement». Or ces dernières semaines, des enquêtes journalistiques ont aussi pointé en direction de l'armée israélienne. La journaliste portait une veste pare-balles sur laquelle était inscrit «Presse» et un casque de protection lorsqu'elle a été atteinte d'une balle juste sous la coupe de son casque. Elle se trouvait aux abords du camp de réfugiés de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes où les forces israéliennes menaient un raid à la recherche de suspects après des attentats meurtriers en Israël.