États-Unis : des réfugiés ukrainiens plongés «dans le désarroi»

D’après des témoignages relayés par un quotidien français, nombre d’Ukrainiens ayant trouvé refuge aux États-Unis ces dernières années seraient dans l’incertitude depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et la suspension du programme Uniting for Ukraine lancé sous Joe Biden.
La désillusion est-elle de mise aux États-Unis pour ceux qui songeaient y trouver refuge ad vitam æternam ? Oui, à en croire un article du Monde publié le 12 juillet. Visant avant tout Donald Trump et sa politique, le quotidien français a relayé les témoignages de réfugiés ukrainiens n’ayant « plus de certitude sur leur avenir » et dont « certains décident de retourner en Europe ».
En toile de fond : la suspension par l’administration républicaine du programme lancé par Joe Biden à destination des Ukrainiens fuyant le conflit dans leur pays. Baptisé « Uniting for Ukraine » (U4U), celui-ci leur permettait de « séjourner temporairement pour une durée maximale de deux ans » sur le sol américain, à condition de « bénéficier d'un soutien financier aux États-Unis pendant toute la durée de leur séjour ».
Or, dans la foulée de la signature par Donald Trump – le jour de son investiture – du décret « Securing Our Borders », le service d’immigration américain (USCIS) avait annoncé la suspension de l’acceptation de nouvelles demandes.
« Le flou de l’administration plonge nombre d’entre eux dans le désarroi. Ils ignorent si leur permis de travail sera renouvelé, et quand », peut-on notamment lire. « Sur le site des services de l’immigration, ils se heurtent au même message : "Dossier en cours de traitement" », poursuit l’article qui précise qu’aux États-Unis « le renouvellement d’un titre prend entre dix mois et un an ».
« On a dépensé des milliers de dollars »
« Pendant l’attente, vous n’êtes pas autorisé à travailler. Les gens font face à un dilemme : rester illégalement, ou partir », confie au quotidien une avocate ukrainienne qui a installé son cabinet à proximité de l’Ukrainian Village, un quartier de Chicago.
« Non seulement nous respectons toutes les règles, mais nous avons payé dès la seconde où nous avons touché le sol américain : pour les assurances, le permis de conduire, les impôts, les tests, les démarches administratives », énumère une Ukrainienne de 28 ans « dont le permis de travail expire en août ».
Salariée au Musée national ukrainien, à Chicago, son mari a quant à lui été embauché « en tant que chimiste dans un laboratoire en contrat avec le ministère de la Défense ». « On a dépensé des milliers de dollars, parce qu’on nous avait dit qu’on pourrait vivre ici », insiste-t-elle auprès du Monde.
Le quotidien français a également donné la parole à une cofondatrice de l’Ukrainian Daughters Foundation, qui – d’après son site – lève « des fonds pour des drones afin d'aider nos combattants en forte demande ». Arrivée aux États-Unis à l’âge de dix ans, grâce à ses parents ayant décroché une Green Card, cette femme de 27 ans qui « fait le tour des parlementaires à Washington » aurait pris la décision de « retourner en Ukraine, pour aller se battre sur le front ».
Statut juridique révoqué : un message « envoyé par erreur »
Début mars, Reuters révélait de plusieurs sources que Donald Trump envisageait de révoquer le statut juridique temporaire des Ukrainiens ayant fui le conflit dans leur pays. Une décision qui pourrait entrer en vigueur dès le mois d’avril, avait alors précisé l’agence de presse.
Début avril, des Ukrainiens entrés aux États-Unis sous l’ère Biden ont reçu par courriel un avis du département de la Sécurité intérieure (DHS) les informant que leur statut juridique était révoqué et qu’ils ne devaient pas « essaye[r] de rester aux États-Unis », faute de quoi « le gouvernement fédéral les retrouvera ». Dans la foulée, le DHS avait déclaré à CBS News qu’un « message a été envoyé par erreur à certains Ukrainiens dans le cadre du programme U4U ».
Une situation qui avait fait les choux gras de certains organes médiatiques ukrainiens. Cette erreur de l’administration américaine aurait « provoqué une profonde détresse chez les destinataires », selon Euromaidan Press, un site en grande partie financé par la Fondation internationale de la Renaissance, une ONG ukrainienne créée par Georges Soros.
Selon la même source, une Ukrainienne aurait ainsi confié – sous couvert d’anonymat par « crainte de représailles gouvernementales » et ayant appelé à ne « rien publier sur les réseaux sociaux » – ne plus être parvenue à « respirer normalement » et avoir « pleur[é] de manière incontrôlable » à la réception du message du DHS.