Shireen Abu Akleh tuée par le «tir ciblé» d'un soldat israélien, selon la justice palestinienne
- Avec AFP
Selon les conclusions du procureur en chef palestinien rendues le 26 mai, la journaliste vedette de la chaîne Al Jazeera Shireen Abu Akleh, tuée le 11 mai lors d'un reportage en Cisjordanie occupée, a été la cible d'un tir d'un soldat israélien.
Le 26 mai au soir, le procureur en chef de l'Autorité palestinienne, Akram al-Khatib, a dévoilé lors d'une conférence de presse à Ramallah les conclusions de son rapport sur le meurtre de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, tuée deux semaines plus tôt d’une balle dans la tête alors qu'elle couvrait une opération israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.
Selon une déclaration du procureur en conférence de presse, Shireen Abu Akleh a été la cible d'une balle de calibre 5.56 mm tirée par un «Ruger M40», un fusil de précision américain. Le rapport officiel de son bureau, consulté par la suite par l'AFP, fait plutôt état d'un Ruger Mini-14, présenté comme une arme semi-automatique.
«La seule source de tirs était les forces d'occupation israéliennes», selon le procureur
La journaliste portait une veste pare-balles sur laquelle était inscrite le mot «presse» et un casque de protection lorsqu'elle a été atteinte d'une balle juste sous la coupe de son casque. Un autre journaliste sur place a été blessé par balle. Et trois autres balles ont atteint un arbre à proximité, selon le procureur. Les cinq projectiles proviendraient de la même arme. D'après le procureur palestinien, une jeep des forces israéliennes se trouvait à 200 mètres des journalistes et les balles ont été tirées à environ 170-180 mètres.
«Les traces sur l'arbre sont concentrées à une hauteur de 127 à 178 cm, ce qui indique que le tireur vise les parties supérieures du corps dans le but de tuer», a-t-il déclaré. Des traces de trois balles sont d'ailleurs encore visibles dans le tronc de l'arbre, a constaté cette semaine une équipe de l'AFP. «L'ensemble de ces faits : le type de projectile, l'arme, la distance, le fait qu'il n'y avait aucun obstacle à la vision et qu'elle portait une veste de presse [...] nous porte à conclure que [Shireen] Abu Akleh a été la cible d'un meurtre. La seule source de tirs était les forces d'occupation israéliennes», a-t-il ajouté.
Selon un journaliste de l'AFP sur place, aucun combattant palestinien ne se trouvait à proximité du groupe de reporters postés sur une zone ouverte à l'entrée du camp. Le nouveau secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine, Hussein al-Cheikh, a annoncé avoir transmis ce rapport d'enquête palestinien aux autorités américaines.
Dans une enquête diffusée plus tôt dans la semaine, la chaîne américaine CNN pointait aussi en direction d'une responsabilité israélienne. «Le nombre de marques sur l'arbre sur lequel Shireen se tenait montre que ce n'était pas un tir aléatoire [à l'arme automatique], mais un tir ciblé», a déclaré à la chaîne Chris Cobb-Smith, consultant en sécurité et expert en balistique.
Israël s'oppose à une enquête internationale
D'après une enquête préliminaire israélienne, il est impossible de déterminer dans l'immédiat l'origine du tir ayant tué la journaliste d'Al Jazeera.
L'Etat hébreu a rejeté les appels à une enquête internationale, arguant du «sérieux» de ses procédures judiciaires internes, tandis que l'Autorité palestinienne a refusé de collaborer à l'enquête israélienne.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a qualifié dans la soirée du 26 mai de «mensonge éhonté toute affirmation selon laquelle l'armée israélienne visait intentionnellement des journalistes ou des civils non impliqués» dans des violences, fustigeant à la fois le rapport palestinien et l'enquête de CNN.
Mais il n'a pas cependant pas rendu public le compte-rendu des soldats qui opéraient dans le secteur de Jénine au moment du drame.