Suède : la crise migratoire aura-t-elle raison de la «superpuissance humanitaire» ?
Alors que le pays jouait jusqu’à présent la carte de l’ouverture, l'afflux de réfugiés, qui s'intensifie toujours plus, le force à trouver de nouvelles solutions, voire à revoir complétement son budget et sa stratégie internationale.
«La situation n'est plus tenable. La Suède ne peut plus accueillir les réfugiés comme elle l'a fait jusqu'ici», constate le Premier ministre Stefan Löfven, pourtant connu pour sa position d’ouverture quant à la crise migratoire. Le ministre de l’Immigration Morgan Johansson va dans le même sens, prévenant : «Nous ne pouvons plus garantir de logement à tous les réfugiés. Si vous avez un toit au-dessus de votre tête en Allemagne, mieux vaut sans doute y rester».
Mais face à une arrivée record – de 100 à 170 000 demandeurs d’asile sont attendus en 2016 par le pays, qui compte seulement 9,5 millions d’habitants – la Suède est forcée d’examiner de nouvelles solutions. Le ministre des Finances envisage ainsi de réduire le budget de l’aide au développement de 60% afin de pouvoir financer l’aide aux réfugiés.
Cette idée n’a pas plu au ministre des Affaires étrangères, qui a adressé une lettre à l’intéressé, révélée par une station de radio nationale. Il y explique que cette mesure mettrait «toute notre crédibilité internationale en jeu».
En effet, le pays, qui accueille proportionnellement le plus de réfugiés en Europe, est également celui au monde qui consacre la plus grosse part de son PIB à l’aide au développement. Avec cette stratégie, Stockholm espère briller sur la scène internationale et postule notamment pour un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies, mettant en avant cet atout. Mais la proposition du ministre des Finances pourrait bien remettre en cause la candidature.
Sweden Tells Refugees 'Stay in Germany' as IKEA Runs Out of Beds... https://t.co/Hc3aMNHaDs
— DRUDGE REPORT (@DRUDGE_REPORT) 6 Novembre 2015
Les pays européens font actuellement face à une arrivée massive de demandeurs d'asile. L'Union européenne a trouvé un accord, malgré la réticence de certains pays comme la Hongrie, afin de laisser rentrer quelques 120 000 migrants sur le territoire, et de les répartir entre les Etats-membres.