La Russie reçoit avec écœurement les caricatures de Charlie Hebdo sur le crash de l’A321
C’est avec beaucoup de colère et d’acrimonie que les Russes ont réagi à la publication dans la revue satirique Charlie Hebdo de caricatures tournant en dérision l’accident de l’A321 qui a fait perdre la vie à 224 personnes.
Une caricature intitulée «Daesh: l'aviation russe intensifie ses bombardements» montre des débris de l’avion et des fragments de corps humains tombant sur un combattant de Daesh. Charlie Hebdo fait ainsi référence aux frappes aériennes russes contre Daesh en Syrie. Un autre dessin nommé «Les dangers du low-cost russe. J'aurais dû prendre Air Cocaïne»représente un crâne avec des lunettes de soleil, un avion russe carbonisé en arrière-plan. On fait ici référence aux deux pilotes français qui ont fui la République dominicaine afin d’échapper à leur condamnation à 20 ans de prison pour trafic de stupéfiants.
La réaction des internautes ne s’est pas fait attendre sur différents réseaux sociaux :
Un utilisateur de Twitter se demande pourquoi Charlie Hebdo n’a pas caricaturé les membres de son personnel abattus par les deux djihadistes en janvier dernier. Il ajoute même, avec sarcasme : «Cela aurait été vraiment marrant pour eux».
А почему Шарли Эбдо не сделали карикатуру на расстрел редакции Шарли Эбдо? Вот это было бы для них смешно. Вся редакция ухахатывалась бы.
— Sommerman (@Sommerman) 6 Novembre 2015
D’autres estiment qu’il ne faut pas répondre à ces «provocations dégoûtantes» car elles n’ont comme but ultime que de provoquer un buzz médiatique.
#здравыйсмысл прекратить распространять эту мерзость провокаторов, ведь именно этого они и добиваются... #ШарлиЭбдо
— Ирина Кустова (@IRINA13K) 6 Novembre 2015
Les autorités russes se sont également indignées des caricatures de Charlie Hebdo.
Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin a fait savoir que la Russie ne déposerait pas de plainte contre les auteurs de ces caricatures «blasphématoires». Il a ajouté que «cela n’a rien à voir avec la démocratie ou la liberté d’expression».
Alexeï Pouchkov, le président de la commission des affaires internationales du parlement russe, a publié sur son compte Twitter : «Y a-t-il des limites à la russophobie dans les médias occidentaux ? Lorsque tout le monde pleure, Charlie Hebdo prêche son droit ignoble au sacrilège».
Есть ли пределы русофобии на страницах западных СМИ ? Тогда как весь мир нам соболезнует, Шарли Эбдо исповедует гнусное право на кощунство.
— Алексей Пушков (@Alexey_Pushkov) 6 Novembre 2015
Il martèle dans un second post : «En Russie, après les blasphèmes de Charlie Hebdo sur les morts dans le ciel au-dessus du Sinaï, seul un salaud peut soutenir le slogan Je suis Charlie».
Теперь после издевательств журнала Шарли Эбдо над погибшими в небе над Синаем, лозунг "Я Шарли!" в России может поддержать только отморозок.
— Алексей Пушков (@Alexey_Pushkov) 6 Novembre 2015
Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a elle aussi inscrit avec ironie, sur sa page Facebook : «Y a-t-il encore quelqu’un, "Charlie"?», en renvoyant à la célèbre formule «Je suis Charlie», scandée par les partisans de la revue satyrique après le massacre de janvier.
Aujourd’hui, deux nouveaux hashtags #Charlie Hebdo et #Je ne suis pas Charlie ont inondé les réseaux sociaux.
Des personnalités étrangères se sont également manifestées. Ainsi, le cinéaste serbe Emir Kusturica a déclaré à la chaîne de télévision russe REN-TV que cette publication de Charlie Hebdo était «une provocation manifeste».
Charlie Hebdo avait fait scandale en provoquant une vague de manifestations dans les pays musulmans suite à leurs dessins caricaturant le prophète Mahomet.