Boutcha : «Troublée» par le meurtre de civils, l'Inde demande une enquête indépendante
Le ministre indien des Affaires étrangères s'est dit favorable au lancement d'une investigation indépendante sur les meurtres de civils à Boutcha, jugeant que la lumière devra être faite sur une affaire «extrêmement grave».
Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a déclaré le 6 avril devant le Parlement que l'Inde était «profondément troublée» par les exactions mises au jour dans la ville de Boutcha en Ukraine. «Il s'agit d'une affaire extrêmement grave et nous soutenons l'appel à une enquête indépendante», a-t-il ajouté, en condamnant «fermement ces meurtres», en référence à la découverte de nombreux cadavres dans la localité proche de Kiev.
Cette annonce fait suite aux annonces du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'est dit le 4 avril favorable à la conduite d'une enquête internationale sur les événements, notamment en assurant aux journalistes du monde entier leur accès aux endroits concernés. Les autorités ukrainiennes et de nombreux pays occidentaux accusent la Russie d'être coupable des exactions survenues dans cette ville, et les condamnations des dirigeants européens se sont multipliées, l'Europe et les Etats-Unis prévoyant d'adopter de nouvelles sanctions contre la Russie, sans attendre les résultats d'une enquête indépendante établissant les responsabilités.
Moscou a catégoriquement démenti être responsable de ces meurtres de civils : le 3 avril, le ministère russe de la Défense a ainsi déclaré que les forces russes s'étaient complètement retirées de Boutcha le 30 mars, alors que les «preuves de crimes» ne sont apparues que quatre jours plus tard, lorsque des agents des services de sécurité ukrainiens sont arrivés dans la ville. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a quant à lui évoqué une «attaque au moyen de fake news», tandis que le parquet général de la Fédération de Russie a annoncé, le 4 avril, l'ouverture d'une enquête au sujet des images diffusées à l'appui des accusations ukrainiennes.
Subrahmanyam Jaishankar s’était entretenu avec Sergueï Lavrov lors d'une visite de ce dernier en Inde le 1er avril. Le pays s’était abstenu, le 25 février, lors d’un vote du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant l’«agression» de Moscou contre l’Ukraine, puis lors des votes organisés à l'ONU condamnant également l'intervention russe.