L'UE menace de nouvelles «sanctions massives» contre la Russie
- Avec AFP
L'union européenne a menacé la Russie de «sanctions massives» supplémentaires si elle poursuivait son offensive militaire en Ukraine. Emmanuel Macron a évoqué l'hypothèse d'une nouvelle limitation des importations russes de gaz et du pétrole.
Les chefs d'Etat des 27 pays de l'UE réunis en sommet à Versailles le 11 mars ont intensifié leur pression sur la Russie afin qu'elle stoppe son offensive militaire, avec l'annonce d'un doublement des financements pour des armes à l'Ukraine ou la menaces de nouvelles sanctions «massives» contre Moscou.
«Si [le président russe Vladimir] Poutine intensifie les bombardements, fait le siège de Kiev, s'il intensifie encore les scènes de guerre, nous savons que nous devrons prendre encore des sanctions massives», a ainsi affirmé Emmanuel Macron à la presse à l'issue de deux jours de réunion avec les dirigeants de l'UE.
Ces sanctions iraient au-delà de celles du G7 et de l'UE annoncées par Washington le 11 mars. Celles-ci incluent par exemple l'exclusion du régime normal de réciprocité régissant le commerce mondial, ouvrant la voie à l'imposition de tarifs douaniers punitifs.
Emmanuel Macron n'a pas exclu que l'UE puisse s'en prendre ultérieurement aux importations de gaz ou de pétrole, jusqu'ici épargnées en raison de leur coût pour les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes. «Rien n'est interdit, rien n'est tabou», a-t-il assuré.
Les 27 ont déjà adopté des sanctions financières et économiques d'une ampleur inédite qui ont entraîné un effondrement du rouble.
Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a par ailleurs proposé aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE réunis au château de Versailles de doubler le financement européen destiné à armer l'Ukraine, malgré les mises en garde de Moscou.
Josep Borrell a ainsi annoncé avoir «fait une proposition pour doubler la contribution [de l'UE] avec 500 millions d'euros en plus pour des armements en soutien à l'armée ukrainienne». Elle devra encore être adoptée par les Etats membres. Les financements proviennent de la «Facilité européenne pour la paix», un fonds doté de cinq milliards d'euros.
Une première enveloppe de 500 millions d'euros, inédite dans l'histoire européenne pour du soutien militaire, avait déjà été débloquée fin février.
Cette somme est utilisée pour rembourser les fournitures d'armements prélevées par les Etats membres sur leurs stocks.
Le gouvernement ukrainien a formulé des demandes très précises de matériel que ses soldats sont capables d'utiliser, notamment des systèmes de défense antiaérienne et des armes antichars, utilisés avec succès pour freiner la progression des troupes russes et les priver de la suprématie aérienne. Ces armements sont acheminés en Ukraine via la Pologne.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a averti le 10 mars que ces livraisons étaient «dangereuses» et a menacé les Occidentaux. «Ceux qui gorgent d'armes l'Ukraine doivent bien sûr comprendre qu'ils porteront la responsabilité de leurs actes», a-t-il déclaré.
En outre, ces derniers jours, le président russe Vladimir Poutine a insisté ces derniers jours sur le fait que les combats s'arrêteraient quand Kiev acceptera les demandes russes concernant la neutralité et la «démilitarisation» de l'Ukraine, la reconnaissance de la souveraineté de Moscou sur la péninsule de Crimée, rattachée à la Russie en 2014, et l'indépendance des républiques du Donbass, reconnue par Moscou en février.
L'Ukraine, dans «la famille européenne» selon les 27
Les 27 Etats de l'UE se sont par ailleurs félicités d'avoir trouvé un compromis, à l'issue de discussions difficiles dans la nuit, sur le message politique à envoyer à l'Ukraine quant à son projet d'adhésion à l'Union.
Divisés sur cette question, qui constitue un chiffon rouge pour Moscou, ils ont souligné son appartenance à la «famille européenne», sans aller jusqu'à évoquer formellement une intégration, même lointaine, à l'UE.
«Une large majorité [de pays membres] plaidait pour un message politique fort garantissant une adhésion à l'UE», même si ce n'est «pas pour demain bien sûr», a regretté le Premier ministre slovène Janez Jansa.
«Il faut aller plus fort. Ce n'est pas ce que nous attendons», a aussi réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L'Ukraine et l'UE sont déjà liées par un accord d'association depuis 2014. Cet accord «peut être conforté, consolidé», a expliqué le président du Conseil européen Charles Michel.
L'intégration à l'UE est un processus qui s'étale sur des années, pour rapprocher la législation du pays candidat du droit européen. Il nécessite des négociations complexes sur de nombreux sujets et des critères difficiles à respecter pour un pays en guerre, comme la stabilité politique et une économie de marché viable. Il exige en outre l'accord unanime des 27 pays membres.
Les dirigeants européens ont également évoqué le projet de la Commission européenne de réduire des deux tiers, dès cette année, la dépendance de l'UE au gaz russe, qui représente aujourd'hui 40% de sa consommation.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a indiqué qu'elle proposerait l'objectif d'une indépendance de l'UE envers les énergies fossiles russes d'ici à 2027.