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«Nous pensons qu'ils prendront Kiev pour cible» : Joe Biden se dit «convaincu» d'une invasion russe

Le président américain s'est dit «convaincu» que Vladimir Poutine avait «pris la décision» d'envahir l'Ukraine et que Moscou cherchait une «fausse justification» pour lancer l'offensive. La Russie décrit ce scénario comme de la «fiction».

Le 18 février, le président étasunien Joe Biden s'est dit «convaincu» que son homologue russe Vladimir Poutine avait «pris la décision» d'envahir l'Ukraine, et que la multiplication des heurts visait à créer une «fausse justification» pour lancer l'offensive «dans la semaine» ou dans les jours qui viennent. Des accusations qui ne sont pas neuves, et sont régulièrement démenties par Moscou.

«Nous pensons qu'ils prendront Kiev pour cible, une ville de 2,8 millions d'innocents», a ajouté le président américain dans une allocution depuis la Maison Blanche, sans présenter les preuves de ses allégations.

Joe Biden a toutefois laissé la porte ouverte au dialogue. Selon lui, tant qu'une invasion ne s'est pas produite, «la diplomatie est toujours une possibilité». Son secrétaire d'Etat Antony Blinken rencontrera d'ailleurs le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le 24 février «en Europe».

Auprès de journalistes de RT, ce dernier a qualifié le 18 février de «propagande» et de «fiction» les allégations occidentales selon lesquelles la Russie fomenterait le projet d'envahir l'Ukraine. «Apparemment, ils le font pour le simple plaisir d'accuser Moscou», a déclaré le chef de la diplomatie russe, avant d'ironiser : «Les auteurs de ces fausses nouvelles croient eux-mêmes à ce dont ils parlent, ils aiment ça et... si ça leur fait du bien, pourquoi pas ?»

Les Etats-Unis accusent la Russie de «créer une fausse justification pour intervenir contre l'Ukraine»

Pour «éviter le pire», Paris a fait savoir de son côté que le président français Emmanuel Macron allait s'entretenir le 20 février au téléphone avec Vladimir Poutine, au lendemain d'un appel avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les craintes occidentales d'une intervention militaire russe en Ukraine sont à leur comble en raison notamment de la multiplication depuis le 17 février des violations du cessez-le-feu entre les rebelles des Républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk et les forces ukrainiennes qui se battent depuis 2014 dans l'est du pays. Les rebelles redoutent en outre le lancement d'une offensive imminente par Kiev.

L'agence de presse russe RIA Novosti a rapporté deux explosions le 18 février – dont celle d'un oléoduc dans la ville de Lougansk – et les autorités des territoires entrés en rébellion après le coup d'Etat du Maïdan en 2014 ont ordonné l'évacuation vers la Russie de civils, mais pas des «hommes capables de tenir une arme».

Vladimir Poutine encourage Kiev à négocier avec les rebelles

Le président russe a de son côté accusé les autorités ukrainiennes de nourrir le conflit et constaté une «aggravation de la situation dans le Donbass», dans l'est ukrainien. «Tout ce que Kiev a à faire, c'est de se mettre à la table des négociations avec les représentants [des rebelles] du Donbass et de s'entendre», a-t-il déclaré, recevant son homologue du Bélarus et allié, Alexandre Loukachenko.

Les sanctions seront introduites quoi qu'il arrive [...] car leur but est de freiner le développement de la Russie

L'Occident, qui annonce régulièrement des mesures punitives envers la Russie, a promis à Moscou des sanctions économiques dévastatrices en cas d'invasion de l'Ukraine. Elles feraient de la Russie un «paria», a encore martelé le 18 février un responsable américain.

Mais Vladimir Poutine a de nouveau balayé la menace : «Les sanctions seront introduites quoi qu'il arrive. Qu'il y ait une raison ou pas, ils en trouveront une car leur but est de freiner le développement de la Russie.»

Moscou annonce le retrait de troupes, Washington affirme l'inverse

Toute la journée du 18 février, les belligérants de l'est de l'Ukraine se sont accusés mutuellement de violer la trêve et d'user d'armes lourdes.

Alors que les tensions montent sur le terrain, la Russie a confirmé le 18 février qu'elle procédait au retrait d'unités militaires des abords de l'Ukraine, un processus qualifié par les autorités de normal résultant de la fin d'exercices militaires.

«Cela n'a pas lieu», a répliqué le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov. Son homologue étasunien Lloyd Austin a même affirmé que l'armée russe envoyait «davantage de forces» et se préparait à une intervention «en se rapprochant de la frontière, en positionnant des troupes, en augmentant ses capacités logistiques».

La Russie a maintes fois démenti tout projet d'invasion mais réclame des garanties écrites concernant sa sécurité, telles que la fin du renforcement militaire et de l'élargissement de l'Alliance atlantique à l'est. Par la suite, la diplomatie russe a précisé que Moscou demandait un retrait des troupes étrangères de l'OTAN de certains pays d'Europe. Les Occidentaux ont écarté ces demandes.

Parallèlement, Washington et Londres ont accusé Moscou d'être responsable des dernières cyberattaques ayant visé cette semaine des sites internet officiels ukrainiens, malgré les dénégations du Kremlin.