«Nous sommes prêts à un dialogue sérieux sur la sécurité pour tous. Même des pas millimétriques vers la paix valent mieux que de grands pas vers la guerre», a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, dans un communiqué cité ce 18 février par l'AFP.
Publié à peine plus de 48 heures après la rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Olaf Scholz, le texte fait référence à l'épineux dossier ukrainien, au cœur de crispations entre la Russie et plusieurs chancelleries occidentales.
«Les déclarations de volonté de dialogue doivent être soutenues par des offres réelles de dialogue. Les déclarations de retrait des troupes doivent s'accompagner de retraits vérifiables», a ajouté la chef de la diplomatie allemande dans son communiqué, au moment même où Washington répète avec insistance que le risque d'une attaque de la Russie contre l'Ukraine est «très élevé» et «imminent», malgré les multiples démentis de Moscou à ce sujet. L'administration américaine maintient d'ailleurs ses allégations – sans preuves – bien que la Défense russe ait récemment annoncé le renvoi dans leurs garnisons de militaires déployés près de la frontière avec l'Ukraine, images à l'appui.
«Les exigences sous forme d’ultimatum» sont «inacceptables», dit la diplomatie russe
De son côté, la diplomatie russe a fait savoir le 17 février qu'elle regrettait le manque de considération apportée par les Etats-Unis aux points que Moscou juge essentiels pour trouver une issue à la crise.
«Les exigences sous forme d’ultimatum demandant le retrait des troupes de certaines régions du territoire russe, accompagnées de menaces de durcissement des sanctions, sont inacceptables et sapent les perspectives d’accords réels», a en effet souligné le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
La Russie a notamment insisté sur le retrait d’Europe centrale, orientale et des pays baltes des troupes et armes américaines, soulignant que les questions de contrôle des armements devaient faire partie intégrante des questions de garanties de sécurité. En outre, Moscou a expliqué attendre des propositions concrètes des Etats-Unis et de l’OTAN sur le contenu et les formes de la décision juridique de l’Alliance de renoncer à son expansion vers l’est. La diplomatie russe a également estimé que la désescalade autour de l’Ukraine nécessitait la mise en œuvre par Kiev des accords de Minsk.
Berlin estime que les exigences russes «datent de la Guerre froide»
La diplomatie russe a expliqué à plusieurs reprises être préoccupée par l'accumulation des troupes de l'OTAN en Europe de l'Est, percevant l'élargissement de l'alliance militaire atlantiste dans la région comme une trahison des promesses occidentales faites à l'URSS en 1990.
A ce sujet, la ministre allemande a pour sa part considéré que Moscou mettait en danger la sécurité de l'Europe avec des «exigences datant de la Guerre froide».
Depuis plusieurs semaines, l'Occident accuse Moscou de «masser ses troupes» dans le sud-ouest de la Russie, en s'appuyant sur l'hypothèse, brandie à de multiples occasions par l'administration américaine, selon laquelle l'armée russe serait sur le point d'envahir l'Ukraine. La Russie, tout en démentant catégoriquement le projet d'invasion qui lui est imputé, rappelle que les activités militaires qui ont été menées sur son territoire étaient conformes au droit international et avaient pour principal objectif de garantir sa sécurité face à la politique d'élargissement de l'OTAN en direction de ses frontières.
Malgré les preuves fournies par la Russie d'un retour en caserne des troupes déployées pour des exercices, les Etats-Unis ont maintenu qu'une invasion de l'Ukraine restait imminente. «L’hystérie continue», a notamment réagi à ce propos le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse tenue le 17 février aux côtés de son homologue italien, Luigi Di Maio.
La Russie ne participera pas au sommet de Munich
Dirigeants internationaux et diplomates de haut rang ont rendez-vous à Munich, dans le sud de l'Allemagne, du 18 au 20 février, pour trois jours de discussions sur des questions de défense et de sécurité.
Alors que les réunions sous différents formats s'y s'enchaîneront avec, entre autres participations, celles du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, du chef de l'OTAN Jens Stoltenberg ou encore du président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie (dont le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a régulièrement participé à cette conférence annuelle), n'a pas prévu cette année d'y participer.
En tout état de cause, la diplomatie russe reste impliquée dans les tractations directement liées au dossier ukrainien à travers de multiples rencontres et échanges téléphoniques sur le sujet.