Giuseppe Conte suspendu de la présidence du Mouvement 5 Etoiles par un tribunal de Naples

Giuseppe Conte, ancien président du Conseil italien, à Rome le 16 octobre 2021© Alberto PIZZOLI Source: AFP
Giuseppe Conte a été suspendu de son poste de président du Mouvement 5 Etoiles après un jugement du Tribunal de Naples, le 8 février 2022 (image d'illustration
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Alors que le Mouvement 5 Etoiles semblait avoir réglé ses problèmes de leadership en août 2021, un tribunal de Naples a suspendu les nouveaux statuts du mouvement qui avaient entériné les fonctions de président occupées par Giuseppe Conte.

Enième retournement de situation à la tête du Mouvement 5 Etoiles (M5S) : l'ancien chef du gouvernement Giuseppe Conte a été suspendu de ses fonctions de président du parti, a rapporté l'agence de presse ANSA. Un jugement d'un tribunal de Naples a en effet ordonné la suspension du statut ratifié le 3 août 2021, qui créait au sein du mouvement cette fonction, à laquelle l'avocat avait accédé le 7 août au soir. Il avait à l'époque pris la tête du M5S dans un climat tendu avec son fondateur Beppe Grillo.

Le tribunal de Naples a ainsi qualifié d’«illégitime» l'exclusion de 81 839 membres ayant moins de six mois d'ancienneté et qui n'avaient ainsi pas pu voter lors de la consultation d’août 2021. 60 940 personnes avaient participé au scrutin – approuvant le texte avec 87% des voix –, ce qui est inférieur au quorum de la moitié plus un des 195 387 membres totaux, y compris ceux ayant moins de six mois d’ancienneté ayant été exclus. Le Mouvement 5 Etoiles est donc ramené sept mois en arrière, avec la nomination d’un comité directeur et un appel au vote de Beppe Grillo, en sa qualité de garant, sur la plateforme Rousseau où les militants pentastellaires peuvent faire leur choix.

Le mouvement a par ailleurs contesté l’interprétation faite par les juges, dans la mesure où elle contredirait «la pratique consolidée du vote suivie par le Mouvement et une politique qui visait à éviter que la communauté ne soit infiltrée par des groupes organisés ad hoc afin de modifier les votes individuels, grâce également à l'inscription gratuite et simplifiée». «Un bain de démocratie» : tel sera la réponse des militants donnée à la suspension, a assuré Giuseppe Conte, invité sur Otto e Mezzo le 7 février, en annonçant le nouveau vote sur le statut.

L’élection présidentielle italienne, qui s’est enlisée au cours de ses sept tours pour finalement réélire Sergio Mattarella, n’a pas été sans conséquences sur le Mouvement 5 Etoiles qui semble vivre au rythme de ses crises internes depuis l’été 2021. Beppe Grillo a ainsi appelé les pentastellaires à ne pas se lancer dans «des initiatives hasardeuses» et à respecter le jugement du tribunal de Naples tout en reconnaissant que la situation était «très compliquée».

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Cette nouvelle péripétie a amené Giuseppe Conte à avoir des échanges vigoureux avec Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères M5S du gouvernement de Mario Draghi. Les deux hommes se sont mutuellement renvoyés la responsabilité des négociations laborieuses qui ont émaillé l’élection, exigeant chacun une «clarification politique». «Nous sommes une grande communauté dans laquelle chacun, à commencer par son président, doit rendre compte de ses actes devant les membres», a déclaré Giuseppe Conte, cité par La Repubblica. Il avait été accusé d’«intelligence avec l’ennemi» lors des négociations sur la présidence italienne pour s'être accordé avec Matteo Salvini en misant sur la candidature de la directrice du Département italien de l'information pour la sécurité, Elisabetta Belloni.

Le 5 février, Luigi di Maio a démissionné du Comité de garantie du M5S, sans qu’aucun remplaçant ne soit encore annoncé le 8 février, tandis qu’une confrontation était à craindre entre Giuseppe Conte et le ministre des Affaires étrangères dans l’Hémicycle.

Giuseppe Conte s’est cependant montré sibyllin devant la presse à ce sujet : «Je l'ai entendu au téléphone et il m'a dit qu'il était désireux d'exprimer des idées et des projets», bien que reconnaissant qu’«il y a eu un passage difficile mais [que] l'intérêt du Mouvement passe toujours avant les personnes» selon les propos retenus par l'ANSA. L’éviction de Luigi Di Maio ne semblerait donc pas à l’ordre du jour selon l’ancien président du Conseil italien qui a souligné : «un vrai leadership n'a jamais peur de la confrontation sur les idées», tout en condamnant les passes d’armes par interview interposées. Lors d’un entretien à La Stampa dans laquelle il affirmait que le mouvement se devait d'éviter les «guerres d’usure», Giuseppe Conte a souligné qu'il était là «pour construire et relancer le mouvement», et non pas afin de le «détruire pour provoquer des divisions».

Parmi les enjeux qui divisent les pentastellaires se trouve notamment la limite du cumul de mandats, portés à deux successifs, un cas qui concerne justement Luigi di Maio, déjà élu deux fois au Parlement italien. S'il a assuré que la règle serait maintenue, Giuseppe Conte s’est toutefois montré évasif au sujet de son ancien ministre : «Je voudrais en discuter avec [Beppe] Grillo, mais je réfléchirais sur d'éventuelles exceptions», ajoutant qu’«en temps voulu [le M5S ferait] les évaluations nécessaires».

Giuseppe Conte s’est également refusé à tout pessimisme en assurant lors d’un point presse que son «leadership au sein du Mouvement 5 Etoiles repose et est fondé sur un partage profond de principes et de valeurs. Il s'agit donc d'un lien politique avant d'être juridique». Il a également annoncé un nouveau vote sur les modifications du statut, déjà nécessaire après le rejet en décembre par la Commission de garantie des statuts et de la transparence des partis politiques de l'ouverture de la consultation aux membres ayant moins de six mois d’ancienneté.

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