La CIA forme-t-elle les forces spéciales ukrainiennes à l'«insurrection» contre les Russes ?
Selon d'ex-responsables américains cités par Yahoo! News, la CIA aurait formé les forces spéciales ukrainiennes à lutter contre une potentielle invasion russe de l'Ukraine – ce que dément la CIA. D'autres médias font état de projets en ce sens.
Le renseignement américain forme-t-il les forces spéciales ukrainiennes dans l'éventualité d'une invasion russe de l'Ukraine ? Dans un article publié le 13 janvier, le correspondant à la sécurité nationale de Yahoo! News rapporte que la CIA superviserait depuis plusieurs années un «programme secret de formation intensive aux Etats-Unis pour les forces d'opérations spéciales ukrainiennes d'élite». L'auteur de l'article en question s'appuie sur les propos de cinq anciens responsables du renseignement et de la sécurité américains, s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Selon certains d'entre eux, le programme aurait commencé en 2015 et se déroulerait à un emplacement tenu confidentiel dans le sud des Etats-Unis. Il aurait été lancé par l'administration Obama à la suite du rattachement de la Crimée à la Russie en 2014, que les Occidentaux considèrent comme une annexion illégale, puis renforcé sous les administrations Trump et Biden, selon une des sources de Yahoo! News.
Si, selon l'auteur de l'article, le programme n'est pas officiellement destiné à préparer une potentielle insurrection, il inclurait, d'après un des anciens hauts responsables du renseignement, des formations «très spécifiques» visant à renforcer la capacité des Ukrainiens à «repousser les Russes». «Les Etats-Unis forment une insurrection», précise un autre responsable de la CIA cité par le média, ajoutant que le programme aurait entraîné les forces spéciales ukrainiennes à «tuer les Russes» qui envahiraient le pays.
La CIA dément tout programme visant à former une «insurrection»
Du côté des autorités américaines, l'existence d'un programme visant à former une «insurrection» en Ukraine est formellement démentie : «Les suggestions selon lesquelles nous avons formé une insurrection armée en Ukraine sont tout simplement fausses», a affirmé un porte-parole de la CIA, Tammy Thorp, dont les propos sont rapportés par Yahoo! News.
En outre, d'autres médias ont récemment fait état de projets du renseignement américain visant à soutenir l'Ukraine en cas d'invasion russe. «Lors de discussions avec les alliés, de hauts responsables de l'administration Biden ont fait savoir que la CIA (secrètement) et le Pentagone (ouvertement) chercheraient tous deux à apporter leur aide à toute [éventuelle] insurrection ukrainienne», rapporte ainsi le New York Times, le 14 janvier. Le Mirror britannique, de son côté, cite une source anonyme au sein des services secrets occidentaux, selon laquelle les renseignements américains auraient organisé «des réunions sur la manière d'aider davantage l'Ukraine dans sa défense» contre une éventuelle invasion.
Tensions entre Occident et Russie autour de l'Ukraine
Washington, Kiev et certains de leurs alliés accusent depuis plusieurs semaines Moscou d'envisager une invasion de l'Ukraine – ce que Moscou dément catégoriquement. Le 14 janvier, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a balayé des allégations américaines plus spécifiques, selon lesquelles la Russie s'attèlerait à l'organisation d'une provocation dans l'Est ukrainien qui lui servirait de prétexte à une invasion.
Ces accusations et démentis surviennent dans un contexte de fortes tensions entre l'Occident et la Russie autour du dossier ukrainien. Dans l'optique de les réduire, Moscou a remis mi-décembre aux Etats-Unis et à l'OTAN des projets d'accords, dont la proposition clé est un engagement de l'Alliance atlantique à ne pas s'étendre davantage à l'est. La Russie considère en effet que les élargissements successifs de l'Alliance menés par Washington depuis la fin de la Guerre froide font peser une menace sur sa sécurité, notamment du fait de l'ambition de l'Ukraine, pays limitrophe, de rejoindre l'organisation militaire.
Cette semaine, à l'issue d'une série de rencontres de haut niveau, Occidentaux et Russes ont souligné que des divergences fondamentales persistaient entre eux sur le sujet de la sécurité européenne, au cœur de laquelle s'inscrit le dossier ukrainien.