Crash du vol MH17 : les procureurs néerlandais réclament la perpétuité contre les suspects

Crash du vol MH17 : les procureurs néerlandais réclament la perpétuité contre les suspects© Piroschka VAN DE WOUW Source: Reuters
Des avocats assistent à l'inspection par les juges de la reconstruction de l'épave du MH17, à Reijen, aux Pays-Bas, le 26 mai 2021.
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La prison à vie a été requise contre trois Russes et un Ukrainien pour le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines en 2014 dans l'est de l'Ukraine, qui a fait 298 morts. La diplomatie russe juge l'enquête «biaisée» et «politisée».

Ce 22 décembre, les procureurs néerlandais ont requis la prison à vie contre les quatre hommes poursuivis pour le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines qui survolait l'est de l'Ukraine en 2014. Ils sont accusés du meurtre des 298 personnes à son bord, dans le cadre d'une enquête dont la partialité est remise en cause par Moscou.

Un procès visant à rendre la Russie responsable, selon Lavrov

La procureur Manon Ridderbeks a requis la peine maximale en s'exprimant comme suit face aux juges : «Nous demandons que les suspects Guirkine, Doubinsky, Poulatov et Khartchenko, chacun pour leur responsabilité dans le crash d'un avion ayant causé la mort et le meurtre de 298 personnes, soient condamnés à la prison à vie.» 

Les Russes Sergueï Doubinsky, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko sont accusés d'avoir abattu le vol MH17 avec un missile sol-air Bouk de conception soviétique. Aucun de ces suspects ne s'est rendu au procès, qui a démarré en mars 2020 aux Pays-Bas. Seul Oleg Poulatov est représenté par des avocats. Le groupe d'enquête international (Joint Investigation Team, JIT) affirme qu'il s'agit de quatre hauts gradés qui se trouvaient alors dans dans l'est de l'Ukraine. 

Ainsi, selon les enquêteurs, Igor Guirkine, âgé de 49 ans, serait un ancien colonel du FSB ayant été ministre de la Défense de la république autoproclamée de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, en 2014. Un autre, Sergueï Doubinsky, 57 ans, aurait dirigé le renseignement militaire de cette même république. Oleg Poulatov, 53 ans, aurait lui aussi eu un poste au sein du renseignement militaire à Donetsk, tout comme l'Ukrainien Léonid Khartchenko, 48 ans. 

Commentant ce procès dans le cadre d'une interview à RT ce 22 décembre, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déploré que le tribunal tente, selon lui, de faire endosser la responsabilité du drame à Moscou.

«Nous observons bien sûr, des tentatives de donner l'impression que ce n'est pas une affaire criminelle mais d'Etat puisque la Russie a soi-disant dirigé ces gens. C'est totalement inacceptable», a déclaré le chef de la diplomatie russe.

La procureur évoque des preuves «abondantes»

Le pouvoir central de Kiev et les républiques autoproclamées du Donbass (dans l'est de l'Ukraine, qui refusent de reconnaître les autorités ukrainiennes issues du coup d'Etat de 2014) s'accusent mutuellement d'avoir abattu l'avion. Accusée de soutenir les séparatistes ukrainiens, ce qu'elle dément, la Russie a rapidement été pointée du doigt par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui lui ont imposé des sanctions

Les procureurs affirment que les quatre hommes ont joué un rôle central dans l'acheminement d'une batterie antiaérienne Bouk probablement destinée à frapper un avion militaire ukrainien. Selon eux, ce dispositif aurait été acheminé depuis une base militaire en Russie.

Pourtant, selon l'AFP, les procureurs soulignent que les quatre individus «n'ont pas appuyé sur le bouton eux-mêmes», mais leur reprochent d'avoir utilisé le missile Bouk «pour leur lutte armée dans le but de détruire un avion». Les procureurs ajoutent que les suspects «savaient [...] que des avions civils survolaient quotidiennement la zone de combat».

«Les rebelles [du Donbass] n’ont pas abattu le Boeing», a pour sa part réagi Igor Guirkine, cité l’agence de presse russe Interfax après le réquisitoire, se disant «pas du tout surpris» par les peines réclamées. «Nos preuves sont convaincantes et abondantes», a de son côté souligné à l'AFP Digna van Boetzelaer, procureur en chef dans l'affaire.

Une enquête sur fond de tensions russo-occidentales

Moscou avait annoncé le 15 octobre son retrait des consultations avec les Pays-Bas et l'Australie sur le crash du vol MH17. En cause : «La détermination de la Haye à poursuivre, en dépit du bon sens, la voie pernicieuse consistant à rendre la Russie unilatéralement responsable de ce qui est arrivé dans le ciel au-dessus du Donbass.» Le ministère russe des Affaires étrangères avait pointé du doigt la décision du gouvernement néerlandais de traduire en justice la Russie devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour son rôle présumé dans la destruction du vol MH17.

Plus globalement, Moscou juge que les Pays-Bas ont adhéré depuis le début à «une version de ce qui s'est passé et l’ont promue à la fois dans le cadre de l’enquête technique du Conseil de sécurité néerlandais [SSC] et de l’enquête pénale menée par l’Equipe commune d’enquête [Joint Investigation Team, JIT]». «Naturellement, les deux enquêtes se sont avérées biaisées, superficielles et politisées. Tout a été fait pour donner crédit aux accusations hâtives visant la Russie», estime la diplomatie russe.

Les audiences interviennent sur fond de tensions russo-occidentales croissantes autour de l'Ukraine. Américains et Européens accusent Moscou d'y préparer une offensive militaire, ce que les autorités russes démentent catégoriquement.

Le verdict du tribunal de Schiphol, près d'Amsterdam, situé à quelques encablures de l'aéroport d'où le Boeing au destin tragique avait décollé, n'est pas attendu avant fin 2022. Le procès se poursuivra en mars 2022, avec l'exposé de la défense.

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