MH17 : Moscou se retire de consultations tripartites, dénonçant des «actions hostiles» néerlandaises

La Russie a annoncé ce 15 octobre se retirer des consultations avec les Pays-Bas et l'Australie sur le crash du vol MH17, dénonçant la tentative «pernicieuse» des autorités néerlandaises d'en imputer la responsabilité à Moscou.
Moscou a annoncé ce jeudi 15 octobre son retrait des consultations avec les Pays-Bas et l'Australie sur le crash du vol MH17 survenu le 17 juillet 2014 dans l'est de l'Ukraine. En cause : «La détermination de la Haye à poursuivre, en dépit du bon sens, la voie pernicieuse consistant à rendre la Russie unilatéralement responsable de ce qui est arrivé dans le ciel au-dessus du Donbass.»
Le ministère russe des Affaires étrangères pointe du doigt la décision du gouvernement néerlandais de traduire en justice la Russie devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour son supposé «rôle» dans la destruction du vol MH17. Plus globalement, Moscou juge que les Pays-Bas ont adhéré depuis le début à «une version de ce qui s'est passé et l’ont promue à la fois dans le cadre de l’enquête technique du Conseil de sécurité néerlandais [SSC] et de l’enquête pénale menée par l’Equipe commune d’enquête [Joint Investigation Team, JIT]». «Naturellement, les deux enquêtes se sont avérées biaisées, superficielles et politisées. Tout a été fait pour donner crédit aux accusations hâtives visant la Russie», estime la diplomatie russe.
«Ces actions hostiles» de la part des Pays-Bas rendent «inutile», aux yeux de la Fédération de Russie, la poursuite des consultations entre La Haye, Camberra et Moscou. La Russie juge les autorités néerlandaises «entièrement responsables» de la rupture de ces consultations tripartites ; pour autant, elle se dit prête à poursuivre la coopération avec «les autorités compétentes des Pays-Bas» via d'autres formats.
«Profonds regrets» des Pays-Bas
Présent à un sommet européen à Bruxelles, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est dit «déçu» et «surpris» par la décision russe, selon des propos rapportés par l'AFP, évoquant auprès de la presse une décision «particulièrement douloureuse» pour les familles des victimes.
De plus, le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok a fait savoir dans une lettre au parlement qu'il avait convoqué l'ambassadeur de Russie aux Pays-Bas et lui avait exprimé ses «profonds regrets».
Moscou dément toute implication dans le crash
Le 17 juillet 2014, un Boeing 777 assurant le vol MH17 de Malaysia Airlines, ayant décollé d'Amsterdam (Pays-Bas) et à destination de Kuala Lumpur (Malaisie), a été abattu au-dessus de l'est de l'Ukraine, avant de s'écraser dans la partie du pays tenue par les rebelles. Les 283 passagers, dont 196 Néerlandais, et les 15 membres de l'équipage à son bord ont péri. La plus grande partie de l'appareil a été retrouvée près du village de Grabovo situé dans le Donbass. Cette région était alors, et est encore, le théâtre de combats sporadiques entre l'armée ukrainienne et les rebelles qui refusent de reconnaître le gouvernement issu du coup d'Etat de 2014.
Après une enquête de plusieurs années menée par le Joint Investigation Team (JIT), une équipe internationale dirigée par les Pays-Bas, le procès de quatre personnes accusées d'être impliquées dans le crash du vol MH17 s'est ouvert le 9 mars dernier à Badhoevedorp aux Pays-Bas.
En 2018, les enquêteurs étaient arrivés à la conclusion que ce vol reliant Amsterdam à Kuala Lumpur avait été abattu par un missile de type missile Buk (de conception soviétique), tiré depuis une zone tenue par des rebelles. A la suite de ces révélations, les Pays-Bas et l'Australie, dont 38 ressortissants ont également perdu la vie, ont ouvertement imputé à la Russie la responsabilité de ce drame. Moscou a toujours démenti vigoureusement toute implication dans cette affaire.
En juillet 2020, les Pays-Bas ont annoncé traduire en justice la Russie devant la CEDH, afin de soutenir un recours déjà introduit devant cette institution par les proches de victimes néerlandaises. «Rendre justice aux 298 victimes de l'explosion [de l'avion] du vol MH17 est et restera la plus haute priorité du gouvernement», avait affirmé le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Stef Blok, ajoutant : «En franchissant cette étape aujourd'hui, en portant une affaire devant la CEDH et en soutenant ainsi autant que possible les requêtes des proches, nous nous rapprochons de cet objectif.»