«Dangereux idiots» : Dmitri Peskov critique les anti-vaccins
Invité à définir en un mot les gens qui refusent le vaccin pour eux-mêmes et pour les autres, le porte-parole du Kremlin en a choisi deux : «Dangereux idiots». Le gouvernement russe, s'il appelle régulièrement à la vaccination, refuse de l'imposer.
Alors qu'il était invité à définir en un mot les personnes qui refusent la vaccination et appellent les autres à ne pas se faire vacciner, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, a répondu, repris par l'agence TASS : «Dangereux idiots, deux mots. Cela ne peut pas être exprimé en un mot.» Il s'exprimait dans le cadre du film Dangereux virus. Deuxième année de Naïlia Asker-Zadé, diffusé le 19 décembre sur la chaîne de télévision Rossia-1.
Le documentaire donne la parole à plusieurs responsables politiques et sanitaires russes. Le ministre de la Santé Mikhaïl Mourachko y qualifie la non-vaccination d'«acte déraisonnable». Mêmes termes employés par Mariana Lyssenko, médecin-chef de l'hôpital N°52 de Moscou. Sergueï Tsarenko, médecin-chef adjoint au service réanimation du même établissement, qualifie également les opposants à la vaccination d'«idiots».
L'exécutif russe souhaite accélérer la vaccination dans le pays. Les députés ont approuvé le 16 décembre un amendement rendant obligatoire la présentation d'un pass sanitaire pour accéder à certains lieux publics définis par les autorités locales. Toutefois, Vladimir Poutine, s'il appelle les Russes à se faire vacciner, a encore récemment écarté la mise en place d'une vaccination obligatoire, tablant sur le consentement libre et éclairé de la population. Selon les données officielles reprises par le site spécialisé Our World in Data, 44% de la population russe est totalement vaccinée contre le Covid-19.
La Russie a enregistré à ce jour plus de 10 millions de cas de coronavirus et 298 222 personnes dont la mort a eu pour cause principale le Covid, selon les chiffres du site du gouvernement russe dédié à la lutte contre la pandémie. Le bilan réel pourrait néanmoins être plus lourd puisque l'agence nationale des statistiques, Rosstat, qui prend en compte l'ensemble des décès liés au virus (c'est-à-dire également ceux où le Covid a accentué d'autres pathologies, causant la mort, et ceux où le virus est suspecté comme cause principale du décès) arrivait à plus de 525 000.
L'OMS pourrait homologuer Spoutnik V «dans quelques mois»
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a par ailleurs affirmé sur Rossia-1, toujours repris par TASS, être convaincu que l'OMS reconnaîtrait le vaccin russe Spoutnik V «dans quelques mois seulement». «Alors il sera également possible d'avancer dans cette voie avec les Européens», a-t-il ajouté. Pour l'heure, le produit, autorisé dans quelque 70 pays représentant plus de 4 milliards de personnes, n'a été homologué ni par l'OMS, ni par les autorités médicales de l'Union européenne, qui ont reproché à la Russie d'avoir mis trop de temps à fournir les documents nécessaires sur la sécurité et l'efficacité du vaccin.
«Qu'est-ce qui se cache derrière cela... des préjugés à notre égard ou des problèmes absolument bureaucratiques», a balayé Dmitri Peskov, affirmant que les autorités de contrôle russes avaient leurs «propres exigences» en termes d'informations sur le vaccin, différentes de celles de l'OMS et de l'UE. «Il faut du temps pour que ces exigences se marient d'une manière ou d'une autre», a-t-il résumé.