«Aucune raison de paniquer» : des scientifiques russes tempèrent la dangerosité du variant Omicron

«Aucune raison de paniquer» : des scientifiques russes tempèrent la dangerosité du variant Omicron© Tatyana Makeyeva Source: Reuters
Un message de prévention contre le Covid-19 dans le métro de Moscou, en Russie, le 9 novembre 2021.
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Tandis que l'OMS s'inquiète de la diffusion du variant Omicron, les virologues Alexey Agranovsky et Anatoly Altstein appellent à surveiller son évolution tout en soulignant qu'il semble pour l'heure moins létal que le variant Delta.

A rebours de la réaction de nombreux gouvernements à la détection du variant Omicron du Covid-19, découvert en Afrique du Sud, les appels à la mesure se multiplient dans le débat public. Alexeï Agranovsky, professeur de virologie à l'université d'Etat de Moscou, a expliqué le 28 novembre à la radio moscovite KP qu'il fallait se méfier de cette nouvelle souche du virus, mais qu'il était peu probable qu'elle soit aussi dangereuse que le variant Delta, qui avait entraîné une forte augmentation des décès.

Selon lui, Omicron est en effet inhabituel, car il contient plus de mutations que les précédents variants du virus. «Nous n'avions encore jamais vu un tel nombre de mutations dans de nouvelles souches. Omicron présente environ 50 nouvelles mutations, ou plutôt des substitutions, ce qui signifie qu'un acide aminé se transforme en un autre acide aminé. Cela peut modifier les propriétés des protéines [...] En théorie, un tel nombre de mutations pourrait avoir des conséquences. C'est-à-dire que la souche Omicron peut échapper aux vaccins et être plus infectieuse», a-t-il expliqué dans un premier temps.

Pour le moment, il n'y a aucune raison de paniquer

Le scientifique a néanmoins tenu à nuancer le danger : «La prudence s'impose ; il faut surveiller ce nouveau virus, mais jusqu'à présent il n'y a aucune preuve qu'il soit capable de remplacer Delta, la souche actuellement dominante. Ou qu'il est plus mortel – pas du tout. Sur les dizaines de cas cliniques décrits jusqu'à présent, aucun décès n'a été enregistré», a poursuivi Alexeï Agranovsky.

Le variant Delta a été identifié pour la première fois en Inde en décembre 2020, devenant la souche dominante du Covid-19 à la fin du printemps 2021. Ce variant représente désormais 99% des cas dans le monde, selon l'OMS, du fait d'une contagiosité plus importante. Et pour le professeur de virologie moscovite, rien ne prouve qu'Omicron puisse le supplanter. «Pour le moment, il n'y a aucune raison de paniquer», a-t-il bien insisté auprès de KP, précisant toutefois que les scientifiques russes se devaient de «savoir rapidement si le vaccin Spoutnik V et les anticorps qu'il provoque [étaient] capables de neutraliser la nouvelle souche, ou s'il peut y avoir un problème avec le degré de neutralisation». Une question qui devrait trouver une réponse dans les prochaines semaines, comme l'a fait savoir le directeur du Fonds russe d'investissement direct (RDIF, développeur du Spoutnik V) Kirill Dmitriev ce 30 novembre.

Alexeï Agranovsky a d'ailleurs estimé que le manque de vaccination pouvait avoir contribué à l'émergence de ce variant : «Savez-vous quel est le problème en Afrique du Sud ? Tout comme en Russie, ils ont très peu de personnes vaccinées. Moins il y a de gens vaccinés, plus ils tombent malades, et plus il y a de chances qu'une nouvelle souche apparaisse», a-t-il développé, expliquant le phénomène par des altérations de la part du virus lors de la «copie des informations génétiques» lorsqu'il «se transmet à de nouveaux hôtes».

Omicron pourrait devenir «une sorte de rhume saisonnier ordinaire»

Un autre chercheur russe a relativisé ce 30 novembre la dangerosité de la nouvelle souche. Toujours auprès de KP, le virologue Anatoly Altstein, du Centre national d'épidémiologie et de microbiologie Gamaleïa (qui a développé le Spoutnik V), a douté du fait «qu'Omicron soit capable de surpasser radicalement son prédécesseur et de se répandre partout plus rapidement encore». «Aujourd'hui, il y a des raisons de croire que le variant Omicron peut avoir une pathogénicité réduite [comparé à ses prédécesseurs]», a ajouté le scientifique.

Ces raisons tiendraient précisément au nombre inhabituel de mutations que présente la nouvelle souche, selon Altstein. «Dans le seul gène de la protéine Spike, il y en a plus de 30. C'est trop et cela signifie que le virus a un génome instable. Dans un tel cas, l'agent causal de la maladie devient moins dangereux en règle générale», a-t-il suggéré. «Si cette hypothèse est confirmée, alors la létalité d'Omicron pourrait être réduite à des dixièmes de pour cent, puis il deviendrait une sorte de rhume saisonnier ordinaire», a poursuivi le professeur. Mais à la condition selon lui que la nouvelle version du coronavirus prenne la place du variant Delta.

L'OMS inquiète

De son côté, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) préfère prévenir que guérir. «Etant donné les mutations qui pourraient conférer un potentiel d'échappement à la réponse immunitaire tout comme possiblement donner un avantage en termes de transmissibilité, la probabilité qu'Omicron se répande au niveau mondial est élevée», explique-t-elle dans un rapport publié le 29 novembre.

La probabilité qu'Omicron se répande au niveau mondial est élevée

Tout en soulignant qu'«à ce jour, aucun décès associé au variant Omicron n'a été rapporté» et que de nombreuses incertitudes demeurent au sujet de sa dangerosité et de sa transmissibilité, l'OMS s'inquiète : «En fonction de ces caractéristiques, il pourrait y avoir de futurs pics de Covid-19, qui pourraient avoir des conséquences sévères en fonction de différents facteurs et en particulier où ces pics se produiraient.»

Néanmoins, les deux scientifiques russes ne sont pas les seuls dans le monde à tempérer la dangerosité immédiate du nouveau variant. Alexeï Agranovsky a notamment rebondi dans son entretien avec la radio moscovite sur les déclarations du professeur Chris Whitty, conseiller médical en chef du gouvernement britannique, pour qui Delta restait bien plus «préoccupant maintenant et à Noël», comme il l'a expliqué le 27 novembre.

Le même jour, Angelique Coetzee, présidente de l'Association médicale sud-africaine, avait pour sa part expliqué à Sputnik News : «Il s'agit d'une maladie bénigne dont les symptômes sont des muscles endoloris et de la fatigue pendant un jour ou deux, durant lesquels on ne sent pas bien. Jusqu'à présent, nous avons constaté que les personnes infectées ne souffrent pas de perte de goût ou d'odorat. Elles peuvent avoir une légère toux. Il n'y a pas de symptômes proéminents. Parmi les personnes infectées, certaines sont actuellement traitées à domicile.»

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