«Nouvelle course aux armements» en Asie : Poutine déplore le retrait des Etats-Unis du traité FNI
Le président russe a réaffirmé sa proposition de moratoire sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, en estimant que la fin du traité FNI sur ces armes entraînerait le risque de leur prolifération en Asie.
Le 27 octobre, à l'occasion du 16e sommet de l'Asie de l'Est, Vladimir Poutine s'est exprimé sur le retrait des Etats-Unis du traité FNI concernant tous les missiles lancés depuis le sol et ayant une portée comprise entre 500 et 5 500 kilomètres. Le président russe a estimé que ce retrait risquait de déclencher une «nouvelle course aux armements» en Asie, et il a par conséquent réitéré sa proposition de moratoire international sur le déploiement de ces missiles.
Le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) avait été signé en 1987 par le président américain Ronald Reagan et le Secrétaire général du Comité central du PCUS Mikhaïl Gorbatchev, sans limitation de durée. Mais les Etats-Unis se sont affranchis en 2019 des restrictions que leur imposait ce traité, entrainant de fait son extinction.
Vladimir Poutine s'est exprimé sur la situation en ces termes : «Nous avons averti à plusieurs reprises que la fin du traité sur les missiles à portée intermédiaire et à courte portée signifie que la région est désormais confrontée à la possibilité de voir apparaître ces armes [...] dans son vaste espace, ce qui entraînerait une nouvelle course aux armements.»
Une initiative russe contre le déploiement de missiles
Le président russe a rappelé que, malgré la décision de l'ancien président Donald Trump de se retirer du FNI, Moscou a «déclaré un moratoire unilatéral sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire et à courte portée dans la région Asie-Pacifique et dans d'autres régions du monde, et a appelé à une conversation sérieuse sur cette question avec tous les Etats intéressés». Vladimir Poutine a affirmé que «la proposition russe reste sur la table», et qu'elle «ne fait que gagner en pertinence». En septembre 2019, Vladimir Poutine avait envoyé à plusieurs pays – dont des Etats membres de l'OTAN – une proposition visant à instaurer un moratoire sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, y compris en Europe. Les Etats-Unis avaient rejeté cette initiative.
Le chef de l'Etat russe a donc réaffirmé le 27 octobre que la coopération avec d'autres nations était le seul moyen «de mettre fin aux menaces existantes et émergentes et de résoudre les problèmes qui affectent notre région et le monde dans son ensemble». Il a ajouté que le dialogue devait se concentrer sur «le développement durable et l'amélioration du bien-être de la population», en insistant sur le fait que Moscou était prêt à prendre part à de telles discussions.
Comme le rappelle l'agence Tass, Washington avait attribué son retrait du traité FNI à de prétendues violations du pacte nucléaire par la Russie. Moscou avait démenti ces allégations et fait savoir que les systèmes de défense antimissiles américains en Europe centrale violaient les termes du traité. Le Kremlin avait suspendu sa propre participation au traité le jour où Washington avait annoncé qu'il ne serait plus lié par celui-ci.