Alliés ou laquais ? Le vrai regard de Washington sur l’Europe

Alliés ou laquais ? Le vrai regard de Washington sur l’Europe
Alliés ou laquais ? Le vrai regard de Washington sur l’Europe [illustration générée par l'intelligence artificielle]
Suivez RT en français surTelegram

Le journaliste russe Mikhaïl Rostovsky dissèque le fossé stratégique qui se creuse entre Washington et l’Europe, cristallisé dans la lubie trumpienne d’annexer le Groenland. Sous le vernis de l’alliance atlantique, il révèle une vérité acide : un mépris assumé pour des «alliés» réduits à des vassaux politiques et des nains militaires.

Le chef du Comité de défense du Parlement danois, Rasmus Jarlov, a fait une déclaration quelque peu ambiguë concernant un fournisseur éventuel d’armes à son pays : « Nous voulons un système de défense antiaérienne fourni par un allié stable et fiable, et non par quelqu’un qui nous menace, nous et d’autres pays alliés ». Le Danemark, comme d’autres pays de l’OTAN, dénonce constamment sur la prétendue « menace » russe. Et quiconque ne suit pas de près la vie politique de Copenhague pourrait soupçonner pour un instant que le député Jarlov explique pourquoi son pays ne devrait pas acheter de systèmes de défense antiaérienne à Moscou. Mais la situation est bien plus drôle. Dénonçant les « faux alliés », le haut fonctionnaire du parlement danois fait référence à l’Amérique de Donald Trump.

La situation est intéressante. Le Danemark et les États-Unis sont des « partenaires » au sein de l’OTAN. Le Danemark et les États-Unis soutiennent ensemble le régime de Zelensky à Kiev. Pourtant, Copenhague ne cache pas ses soupçons quant aux projets de Washington de s’accaparer le territoire souverain danois. La capitale américaine confirme ces projets. Donald Trump a tenté d’« acheter » le Groenland du Danemark lors de son premier mandat présidentiel. Mais ce sujet n’a pas vraiment été évoqué à l’époque, alors qu’au cours du deuxième mandat de l’actuel dirigeant américain, le battage médiatique a pris une ampleur considérable et la rhétorique de Trump concernant le territoire de cette autonomie danoise est devenue très acerbe.

Mai 2025. Des journalistes demandent au président américain s’il est prêt à recourir à la force pour s’emparer du Groenland. La réponse est : « Je n’exclus rien. Je ne dis pas que je vais le faire, mais je n’exclus rien... Nous avons vraiment besoin du Groenland. Le Groenland abrite une population peu nombreuse dont nous prendrons soin. Nous la chérirons et ainsi de suite. Nous en avons besoin afin d’assurer la sécurité internationale. » Heureusement pour le Danemark, toute l’ardeur de Trump ne se limite qu’à des paroles. Et c’est probablement le cas aussi pour cette question de la « conquête du Groenland ».

L’actuel président américain aime beaucoup les victoires et les résultats rapides. Il aime taper du poing sur la table et faire des déclarations fortes et virulentes, dont l’unique signification réside dans le tapage qu’elles font. Si dans un élan précipité, il est impossible d’obtenir des résultats, Trump perd alors tout intérêt pour le sujet et se concentre sur autre chose. J’imagine qu’il en sera de même concernant les projets du dirigeant américain de prendre le Groenland au Danemark. La rhétorique à ce sujet se poursuivra, mais avec plus de nonchalance. Puis, le mandat présidentiel de Trump expirera et les autorités de Copenhague pourront à nouveau dormir tranquilles la nuit, sans se soucier des plans de leurs « alliés » américains.

Ou tout redeviendra-t-il comme à l’époque d’avant Trump ? La question n’est pas aussi simple qu’il y paraît. D’une part, le « conflit » entre les États-Unis et le Danemark au sujet du Groenland est purement superficiel, voire vaudevillesque. Voilà comment l’ambassadeur de la Fédération de Russie au Royaume du Danemark, Vladimir Barbine, a récemment décrit la véritable nature des relations entre les deux pays : « Copenhague s’efforce de maintenir des relations alliées étroites et de confiance avec les États-Unis et offre à Washington le partenariat le plus large possible tant dans le domaine de la défense du Groenland que dans la mise en œuvre de projets économiques, y compris le développement de gisements de métaux de terres rares. »

Or, en même temps, ce « conflit vaudevillesque » n’est pas né de nulle part. En 2025, seuls les passionnés d’histoire se souviennent du premier secrétaire général de l’OTAN, Lord Hastings Ismay. Depuis que l’OTAN existe, personne n’a réussi à formuler avec autant d’exactitude, le vrai sens de l’existence de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, que ce Britannique : « Garder les Russes en dehors, à l’écart, les Américains à l’intérieur et les Allemands sous tutelle. »

Au cours des huit décennies écoulées depuis 1945, l’objectif initial de l’OTAN d’empêcher la résurgence du militarisme allemand a perdu de sa pertinence aux yeux des responsables politiques des autres pays occidentaux. Au contraire, les deux autres objectifs initiaux de l’OTAN décrits par Lord Ismay sont désormais étroitement liés, de la manière la plus étrange. Sans cet objectif commun de dissuasion de la Russie, les forces centrifuges au sein de l’OTAN auraient pris une ampleur considérable. Chacun de nous connaît l’histoire de conjoints qui ne s’aiment plus et divorcent, mais qui continuent de vivre ensemble faute de pouvoir résoudre le problème du logement.

Au niveau mental, le divorce au sein de l’Alliance nord-atlantique a déjà eu lieu.

Revenons aux propos du député danois par lesquels j’ai commencé cette chronique. Dans ces propos, transparaissent un véritable ressentiment et une véritable irritation. Et ceux-ci ne peuvent être considérés comme les seules émotions personnelles d’un homme politique peu influent, originaire d’un pays européen qui n’est pas vraiment le plus remarquable. Il s’agit du reflet des sentiments de la partie européenne de l’OTAN envers la partie américaine de l’OTAN. À son tour, la partie américaine considère les « alliés » européens comme des parasites, des profiteurs et des nains politico-militaires. Voilà la tempête des passions qui se cache derrière une question apparemment purement technique, telle que celle de savoir à qui le Royaume danois devrait acheter des systèmes de défense antiaérienne.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix