Ukraine : Washington veut optimiser ses livraisons d’armes… aux frais de l’Europe

Ukraine : Washington veut optimiser ses livraisons d’armes… aux frais de l’Europe Source: Sputnik
Ukraine : Washington veut optimiser ses livraisons d’armes… aux frais de l’Europe [image d'illustration]
Suivez RT en français surTelegram

L’expert Boris Rojine décrypte le nouveau plan d’armement américain destiné à Kiev. Fini les dons : Washington impose désormais à ses alliés européens de financer la guerre à prix fort, offrant au passage un pactole à son industrie militaire. Une stratégie de «partenariat» à sens unique, qui révèle les fractures au sein du camp occidental.

Les projets concernant l’aide à l’Ukraine, annoncés par Trump, se sont révélés très décourageants pour les pays clients des États-Unis en Europe, malgré leur apparente satisfaction initiale. Si l’Europe espérait que Trump reprenne au moins partiellement la politique de Biden consistant à livrer directement des armes américaines, la réalité s’est avérée bien différente.

Trump a clairement indiqué que les États-Unis avaient l’intention d’achever les livraisons américaines des lots restants d’armes, d’équipements et de munitions dans le cadre du « paquet Biden », presque épuisé, accordé par l’ancien président en novembre-décembre 2024. Une partie des livraisons à l’Ukraine consiste en fait à débloquer des livraisons suspendues à deux reprises par le chef du Pentagone, Pete Hegseth, sous prétexte de donner la priorité aux intérêts américains et de réapprovisionner les stocks.

Il n’y aura donc plus de nouvelles livraisons gratuites à l’Ukraine.

Pourtant, il existe tout un éventail d’équipements américains, notamment des systèmes de défense antiaérienne, des missiles de différents types et des systèmes de communication, que l’Europe n’est pas en mesure de remplacer. Les États-Unis sont conscients de cette dépendance de l’Europe et de l’Ukraine à l’égard des systèmes américains, ce qui leur permet d’agir en position de force et de mettre simplement leurs pays clients devant le fait accompli. En même temps, tous les atouts clés restent entre leurs mains.

En guise d’alternative, Trump a proposé d’acheter des armes et des munitions aux États-Unis au prix du marché. Certains des 17 systèmes de défense antiaérienne Patriot mentionnés sont en fait déjà en service en Allemagne et dans plusieurs autres pays de l’OTAN, et devraient être transférés à l’Ukraine. Ils sont ensuite censés être remplacés par de nouveaux systèmes de ce type et des missiles achetés aux États-Unis. Il convient de noter que le prix des systèmes de défense aérienne et des missiles ne cesse d’augmenter ces dernières années en raison de la demande accrue sur divers théâtres d’opérations militaires. En réalité, les États-Unis mettent leurs alliés européens devant le fait accompli : non seulement ils doivent augmenter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB (en Europe, cet objectif a été reporté à 2035), mais ils doivent également augmenter leurs dépenses de financement de l’Ukraine, permettant ainsi à l’industrie américaine de l’armement (et à Raytheon en particulier) de tirer des profits supplémentaires de ces livraisons. Il n’est plus question d’une contribution égale des États-Unis et de l’Europe : l’administration Trump propose que l’Europe prenne en charge la quasi-totalité du financement de la guerre en Ukraine, tandis que les États-Unis se concentrent sur leur confrontation avec la Chine.

Il n’est donc pas surprenant que plusieurs pays membres de l’OTAN aient déjà officiellement refusé de participer à ce programme. La France et l’Italie ont dit « non », indiquant clairement qu’elles n’avaient pas d’argent pour cela et qu’elles ne souhaitaient pas contracter de nouveaux emprunts. On peut s’attendre à ce que plusieurs autres pays refusent également de participer, même si le Royaume-Uni, la Pologne et plusieurs pays scandinaves et baltes achèteront très probablement des armes pour l’Ukraine, même à crédit, car leurs budgets nationaux ne seront pas suffisants.

Le tournant décisif à cet égard sera l’issue de la guerre douanière entre les États-Unis et l’Union européenne.

Si aucun compromis n’est trouvé et que Trump impose des droits de douane de 30 % sur les marchandises en provenance de l’Union européenne à partir du 1er août, et que l’Europe riposte, le projet de vente d’armes à l’Europe pourrait être remis en question.

Trump entend obtenir des concessions de l’Europe, tant sur la question des droits de douane que sur le financement de la guerre en Ukraine par le Vieux Continent. L’Europe aimerait y échapper, mais ses problèmes économiques et sa dépendance politique, économique et militaire vis-à-vis des États-Unis affaiblissent considérablement sa position dans les négociations avec Trump.

Il convient toutefois de rappeler que ces divergences au sein du camp occidental sont d’ordre tactique et méthodologique. Sur la question de « l’endiguement de la Russie », l’Occident reste largement uni. Il ne faut donc pas se faire d’illusions sur l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine. Les États-Unis cherchent simplement à optimiser ce processus dans leur intérêt, sans se soucier outre mesure des coûts pour l’Europe et l’Ukraine.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix