Missiles ukrainiens capables d'atteindre Moscou ? La Russie dénonce des propos «délirants»
Le chef de la délégation russe aux négociations de Vienne a balayé les menaces du représentant de l'Ukraine au sein du groupe de contact trilatéral sur le Donbass, qui affirme que son pays serait bientôt en mesure de tirer des missiles sur Moscou.
L'Ukraine bientôt capable de toucher Moscou avec des missiles ? L'idée prête à rire, selon Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux pourparlers sur la sécurité militaire et le contrôle des armements qui se tiennent à Vienne, après des déclarations d'un responsable ukrainien.
«Il ne faut probablement pas prendre ces déclarations au sérieux. Ces paroles ne peuvent que faire sourire. Cette personne n’est pas sérieuse», a-t-il déclaré sur la chaîne Rossia 24 au regard des capacités militaires actuelles de l'Ukraine.
Ainsi, pour Konstantin Gavrilov, «seul un fou» oserait utiliser des missiles datant de l'époque soviétique (qui composent une part importante de l'arsenal ukrainien) car ils ont une portée limitée et sont «incapables d'atteindre» Moscou.
Quant aux modèles développés plus récemment par Kiev, le résultat n'est guère plus fiable, selon le diplomate russe. Celui-ci a en effet évoqué les chars BM Oplot, entrés en service en 2009 dans l'armée ukrainienne, mais arrivés dernier de la compétition Strong Europe tank challenge 2018, en raison de problèmes à répétition. «Trois monstres Oplot qui tombent en panne constamment et ils menacent de rouler sur la Place rouge», a ainsi ironisé Konstantin Gavrilov.
«Toutes les tentatives [de Kiev ces dix dernières années] de produire quelque chose sur la base des développements soviétiques conduisent à une parodie d'armes», a-t-il encore ajouté, précisant néanmoins qu'il restait important de «surveiller» le développement des capacités militaires ukrainiennes afin de réagir «en cas de besoin».
Dans le même temps, le diplomate n'a pas exclu que l'Occident puisse soutenir ces «déclarations délirantes» et même aider le pays à développer de nouveaux systèmes de missiles. Et pour cause, la semaine précédente, le quotidien britannique The Times avait rapporté que le Royaume-Uni serait en pourparlers avec l'Ukraine pour lui vendre des missiles, dont le système antichar Brimstone, récemment entré en service au sein de la Royal Air Force britannique.
La force militaire russe, «du bluff» ?
Les propos de Konstantin Gavrilov faisaient suite à des menaces du représentant de l'Ukraine au sein du groupe de contact trilatéral sur le Donbass, Alexeï Arestovitch. Selon des propos cités par la chaîne ukrainienne Kanal Dom et rapportés par l'agence RIA Novosti, celui-ci avait laissé entendre que son pays était en train de développer des missiles capables de frapper la capitale russe.
«Poutine arrivera au point où, dans un avenir prévisible, des missiles ukrainiens seront pointés sur Moscou, et pour une raison simple : nous travaillons sur un programme de missiles», a-t-il déclaré, avant d'ajouter : «Et nos missiles opérationnels tactiques pourront atteindre Moscou.»
Le responsable ukrainien spécifiait même que l'armée russe était consciente des capacités militaires de son pays et savait qu'une attaque contre l'Ukraine marquerait «la fin de l'armée russe et la fin de la Fédération de Russie». «Les menaces [russes] sont du bluff», assurait-il encore.
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Réagissant elle aussi à ces propos, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a commenté : «Les raisons du comportement des hommes politiques ukrainiens sont claires. Incapables de tenir leurs promesses de relancer l’économie, d’améliorer le niveau de vie, de mettre fin à la discrimination linguistique et ethnique et de parvenir au règlement du conflit dans le Donbass, les autorités de Kiev essaient de détourner l’attention de leurs citoyens sur d’autres sujets, notamment celui de la Russie.»
Elle a par ailleurs appelé «les autorités allemandes et françaises, plaidant pour de nouvelles réunions au format Normandie, à évaluer dans quelle mesure les menaces directes des politiciens ukrainiens contre la Russie contribuent à l’avancement des négociations».