Covid-19 : la Belgique livre 9 000 flacons de remdesivir à l'Inde, malgré l'avis négatif de l'OMS
Commandé massivement par la Commission européenne puis jugé inefficace contre le Covid-19 par l'OMS, l'antiviral de Gilead est pourtant autorisé et largement utilisé en Inde. La Belgique a donc décidé de puiser dans ses stocks par «solidarité».
En réponse au besoin d'aide internationale éprouvé par l'Inde pour lutter contre l'explosion des cas de Covid-19 dans le pays, la Belgique a décidé de livrer à la nation asiatique quelque 9 000 flacons de remdesivir, un antiviral pourtant jugé inefficace contre le coronavirus par l'OMS. La livraison sera effectuée par le biais du mécanisme européen de protection civile, comme l'a expliqué le 25 avril Meryame Kitir, ministre belge de la Coopération au développement, évoquant un acte de «solidarité».
De situatie in Indië is dramatisch. Ook België zal zijn steentje bijdragen. De Indische regering vraagt o.a. meer antivirale medicatie. Dankzij inspanningen van mijn collega’s ligt een plan op tafel voor een levering van 9000 Remdesivir uit onze stock. #Solidarityhttps://t.co/X0jJzEl1oH
— Meryame Kitir (@MeryameKitir) April 25, 2021
Des stocks qui prennent la poussière ?
Le remdesivir, fabriqué par le géant pharmaceutique américain Gilead, était l'un des premiers médicaments ayant semblé montrer un effet pour écourter la période de rétablissement de certains malades du Covid-19.
Face à de premiers résultats jugés prometteurs, la Commission européenne avait passé début octobre 2020 une commande de 500 000 doses auprès du laboratoire, pour plusieurs centaines de millions d'euros.
Mais un mois et demi plus tard, une étude soutenue par l'Organisation mondiale de la santé affirmait que l'antiviral, initialement conçu pour lutter contre Ebola, n'avait que «peu ou pas d'effet» sur la mortalité des patients, tout en soulignant «la possibilité d'importants effets secondaires». En conséquence, l'OMS avait émis en novembre 2020 «une recommandation conditionnelle contre l’administration de remdesivir aux patients hospitalisés, quelle que soit la gravité de leurs symptômes, dans la mesure où rien ne prouve à ce jour que le remdesivir améliore pour ces patients les chances de survie et les autres résultats sanitaires».
Plus récemment, fin janvier, l'Inserm avait annoncé que l'essai clinique européen Discovery, testant l'efficacité de médicaments contre le Covid-19, avait cessé de travailler sur le remdesivir «faute de preuves de son efficacité».
Pénurie de médicaments et aide internationale
En Inde, il reste pourtant largement employé. Le ministère indien de la Santé a déclaré le 11 avril que la flambée des infections (avec un record mondial de 350 000 nouveaux cas en 24 heures le 25 avril, et 3,5 millions d'infections depuis le début du mois) avait entraîné un «bond soudain de la demande» de remdesivir, poussant le pays à interdire l'exportation du traitement antiviral.
Gilead a signé l'an dernier avec des fabricants de médicaments génériques établis en Inde, au Pakistan et en Egypte des accords d'octroi de licences qui les autorisent à produire le remdesivir. Sept sociétés en Inde – le plus grand producteur mondial de médicaments génériques – sont autorisées à fabriquer le remdesivir. Elles peuvent produire mensuellement jusqu'à 3,88 millions de doses injectables, selon le ministère.
Cela reste néanmoins insuffisant pour couvrir la demande actuelle dans ce pays, le médicament étant épuisé dans de nombreux hôpitaux. L'AFP rapporte ainsi qu'un marché noir s'est développé autour du produit de Gilead. Outre la Belgique et sa livraison de remdesivir d’une valeur de 3 millions d’euros, plusieurs pays de l'Union européenne, ainsi que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, ont promis le 25 avril leur aide à l'Inde. La France s'apprêtait par exemple à «apporter dans les prochains jours un soutien significatif en capacités d'oxygène», selon l'Elysée.