Covid-19 : en Espagne, le port du masque imposé jusque sur la plage... et dans l'eau
Un nouveau décret du gouvernement espagnol oblige à porter le masque dès six ans sur tout le territoire. Mais la levée de boucliers des gouvernements locaux, notamment dans les zones balnéaires, pourrait forcer les autorités à revoir la législation.
Un décret du gouvernement espagnol publié le 30 mars a officialisé le port du masque obligatoire sur tout le territoire, même lorsqu'une distance de sécurité de 1,5 mètre peut être respectée sur la voie publique, jusque sur les plages... et dans l'eau. La mesure a été accueillie avec une grande réserve par les professionnels du tourisme.
Jusqu'à présent, les gouvernements régionaux étaient libres d'adapter les restrictions, avec quelques exceptions pour des situations particulières, comme la plage. La législation, entrée en vigueur le 31 mars, rend le port du masque obligatoire dès l'âge de six ans. Seuls les adultes pratiquant un sport sont exemptés. Quiconque ne s'y conforme pas s'expose à une amende de 100 euros.
En Espagne, depuis mai 2020, le masque était obligatoire dans les transports, les espaces fermés et, jusqu'ici, sur la voie publique lorsqu'il n'était pas possible de maintenir la distance de sécurité de deux mètres. Mais cette dernière précision a été retirée dans la dernière mouture du texte de la «nouvelle normalité», comme l'appelle l'Espagne depuis le printemps 2020. «Il est important que les citoyens le sachent, nous ne sommes pas arrivés à une phase de relâchement, et nous ne pouvons en aucune manière nous permettre d'être imprudents», avait expliqué la porte-parole du gouvernement Maria Jesus Montero lors d'une conférence de presse.
La ministre de la Santé envisage de modifier la loi
Les réactions dans les stations balnéaires espagnoles face aux nouvelles restrictions pourraient néanmoins pousser les autorités à revoir certaines règles. Les gouvernements locaux des îles Baléares et des îles Canaries ont déclaré que la loi ne serait pas appliquée dans les piscines et sur les plages, rapporte le quotidien britannique The Times, au motif que ce décret national ne prévalait pas sur la législation régionale.
Auprès d'El Pais, l'association des hôtels de Benidorm, dans la province d'Alicante, a jugé l'initiative du gouvernement central «excessive». Selon Nuria Montes, la secrétaire générale de l'association, «les mesures de sécurité qui ont été prises l'an dernier pour créer des zones particulières sur les plages, y surveiller les distances et le respect de la réglementation, se sont avérées efficaces». «Si vous êtes avec des personnes du même ménage dans des zones de quatre mètres sur quatre en maintenant une distance sociale, nous ne comprenons pas pourquoi il serait nécessaire de porter un masque pour prendre un bain de soleil», a-t-elle expliqué au quotidien espagnol.
La commission nationale de la santé a donc annoncé qu'elle allait réviser les restrictions. Quelques heures après l'entrée en vigueur du nouveau décret, la ministre de la Santé Carolina Darias a déclaré souhaiter voir «si la loi nous permet un certain degré de manœuvre».