Le Maroc face à la question du rapatriement de 1 137 djihadistes et leur famille présents en Syrie

Le Maroc face à la question du rapatriement de 1 137 djihadistes et leur famille présents en Syrie© REUTERS / GORAN TOMASEVIC
Le 8 janvier 2020, des femmes de djihadistes déambulent dans le camp d'Al Hol situé au nord-est de la Syrie.
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Le chef de l'antiterrorisme marocain Habboub Cherkaoui a déclaré qu'il y avait encore 1 137 citoyens de son pays détenus en Syrie et que leur rapatriement constituait «un défi sécuritaire majeur». En mars 2019, le Maroc avait rapatrié 8 djihadistes.

Dans un entretien accordé à l'agence espagnole EFE le 19 mars 2021, Habboub Cherkaoui, qui dirige le Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ), estime qu'il y a encore 1 137 citoyens marocains en Syrie. Pour la plupart, ces djihadistes sont détenus dans des camps, accompagnés de leurs femmes et enfants.

Interrogé au sujet d'un éventuel rapatriement de ces ressortissants engagés en faveur du «califat», le chef du BCIJ a souligné que cette question était une décision politique qui devait être prise «dans le cadre de la coalition internationale existante», faisant référence à l'alliance militaire menée par les Etats-Unis, dont la France, la Grande-Bretagne, l'Arabie saoudite ou le Maroc sont membres.

Pour le chef de l'antiterrorisme marocain, le retour de ces citoyens constitue «un défi sécuritaire majeur» pour le Maroc comme pour les autres pays. «Pour nous, ces personnes représentent un danger, car elles ont accumulé une formation et une expérience dans la guerre des gangs, le maniement des armes, la fabrication d'explosifs et de voitures piégées, ainsi que la propagande et l'endoctrinement», a-t-il expliqué.

L'ONG marocaine Observatoire du Nord des droits de l'Homme a exhorté en février dernier le gouvernement marocain à intervenir pour rapatrier les femmes et les enfants détenus dans ces camps, tout en dénonçant les conditions «dures et inhumaines» dans lesquelles ils vivent, compte tenu du manque de nourriture et d'eau potable, ainsi que de l'insécurité qui règne dans la région. Le Parlement marocain a aussi formé une commission chargée d'étudier le cas des parents et orphelins des djihadistes de Syrie et d'Irak, ainsi que les possibilités de leur rapatriement.

Huit citoyens marocains rapatriés en mars 2019

Selon les chiffres du BCIJ – créé en 2015 –, un total de 1 654 combattants ont quitté le Maroc pour la zone syro-irakienne afin de combattre dans les rangs de divers groupes djihadistes, dont 1 060 au sein de Daesh. Sur tous ces combattants, 745 sont morts et 270 sont retournés dans leur pays d'origine. La plupart d'entre eux sont jugés grâce à une réforme du Code pénal approuvée en 2015 pour punir l'action de «rejoindre des zones de conflit pour pratiquer le djihad» par des peines allant de cinq à dix ans de prison. Avec ces djihadistes ont voyagé 288 femmes marocaines, dont la plupart ont eu des enfants une fois arrivées sur place. Les autorités estiment que 189 femmes et 309 enfants se trouvent toujours dans des camps de détention en Syrie. 

Le dernier rapatriement de citoyens marocains engagés en Syrie a eu lieu en mars 2019 en coordination avec les Etats-Unis, alliés des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui avaient alors vaincu Daesh et anéanti le dernier bastion du groupe dans la ville syrienne d'Al Baguz. A l'époque, huit d’entre eux avaient été rapatriés au pays. Habboub Cherkaoui a précisé que les personnes qui ont choisi de revenir ont d'abord fait l'objet d'une enquête de sécurité et bénéficient désormais de programmes socio-économiques visant à faciliter leur réintégration sociale et celle de leurs enfants.

En Syrie, toutes nationalités confondues, on estime que 22 000 mineurs étrangers et 45 000 femmes sont internés dans le seul camp d'Al Hol (nord-est de la Syrie). Jusqu'à présent, les pays occidentaux n'ont accepté de libérer qu'un nombre très limité de ces détenus, tous faisant face à la délicate question de leur rapatriement eu égard à la nécessité de préserver la sécurité du public.

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