«Occupez-vous des problèmes de votre pays» : Zakharova recadre la diplomatie américaine sur Navalny
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo condamne l'arrestation d'Alexeï Navalny, interpelé lors de son retour en Russie. Le ministère des Affaires étrangères russe demande aux Etats-Unis de cesser d'interférer «avec les lois nationales».
La diplomatie américaine a fermement condamné l'arrestation de l'opposant russe Alexeï Navalny, interpellé à son retour en Russie le 17 janvier 2021, suscitant une réponse claire de la porte-parole du ministre des Affaires étrangères russe Maria Zakharova.
«Les Etats-Unis condamnent fermement la décision de la Russie d'arrêter Alexeï Navalny», a déclaré Mike Pompeo dans un communiqué, exprimant «une grande inquiétude» et estimant «que sa détention [était] la dernière d’une série de tentatives pour faire taire Navalny et d'autres personnalités de l'opposition et voix indépendantes qui critiquent les autorités russes».
Alexeï Navalny a été arrêté lors de son arrivée à Moscou depuis l'Allemagne, où il se trouvait en convalescence après son hospitalisation en août pour un empoisonnement présumé.
Le futur conseiller à la sécurité nationale du président élu américain Joe Biden, Jake Sullivan, a également appelé à la libération de l'opposant. Sur Twitter, il écrit : «Monsieur Navalny devrait être immédiatement libéré, et les auteurs de cette scandaleuse attaque doivent être tenus responsables. Les attaques du Kremlin sur monsieur Navalny ne sont pas seulement une violation des droits de l'homme, mais aussi un affront aux Russes qui souhaitent que leur voix soit entendue.»
Mr. Navalny should be immediately released, and the perpetrators of the outrageous attack on his life must be held accountable. The Kremlin’s attacks on Mr. Navalny are not just a violation of human rights, but an affront to the Russian people who want their voices heard.
— Jake Sullivan (@jakejsullivan) January 17, 2021
Sur Facebook, Maria Zakharova publie : «Voilà ce que je tiens à dire à monsieur Sullivan (ainsi qu’à de nombreuses autres personnalités étrangères qui publient leurs commentaires écrits à l’avance): respectez le droit international, n’empiétez pas sur la législation nationale d'États souverains et occupez-vous des problèmes de votre pays.»
Viol des conditions de prison avec sursis
Les services pénitentiaires russes (FSIN) avaient affirmé le 14 janvier avoir l'intention d'arrêter l'opposant Alexeï Navalny s'il rentrait en Russie. Il lui est reproché d'avoir violé les conditions d'une peine de prison avec sursis. «Le service fédéral des prisons russes est obligé de prendre toutes les mesures nécessaires pour arrêter le contrevenant Alexeï Navalny, dans l'attente d'une décision du tribunal de remplacer sa peine avec sursis par une peine [de prison] ferme», a fait savoir le FSIN dans un communiqué.
Alexeï Navalny n'a pas rempli l'obligation de se présenter auprès des autorités russes deux fois par mois, comme l'exigent les conditions d'une peine de cinq ans de prison avec sursis pour détournements de fonds à laquelle il a été condamnée, mais que l'opposant dénonce comme politiquement motivée.
Il est aussi visé depuis fin décembre par une nouvelle enquête pour fraude, soupçonné d'avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (3,9 millions d'euros) de dons.
Alexeï Navalny avait été transféré en Allemagne après un malaise le 20 août 2020 alors qu’il se rendait de Tomsk à Moscou en avion. Après deux jours d’hospitalisation, il avait été amené en avion à Berlin à la demande de ses proches qui craignaient qu’il ait été empoisonné. Alexeï Navalny accuse les services spéciaux russes (FSB) d'avoir tenté de l'assassiner sur ordre direct du président russe Vladimir Poutine. Des allégations démenties par Moscou.