Florence Parly annonce une réduction probable des effectifs de la force Barkhane
- Avec AFP
Dans une interview accordée au Parisien, la ministre des Armées a fait savoir que la France allait «très probablement» réduire les effectifs de la force Barkhane déployée dans le Sahel pour faire face à la menace djihadiste.
La France va «très probablement» réduire les effectifs de sa force anti djihadiste Barkhane au Sahel après des «succès militaires importants» en 2020, selon la ministre française des Armées, qui dénonce aussi les «méthodes pernicieuses» des djihadistes après la mort de cinq soldats français au Mali.
«Nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort par définition, c'est temporaire», a dit Florence Parly dans une interview au quotidien Le Parisien à paraître le 4 janvier 2021 après le renfort de 600 soldats qui a porté les effectifs de Barkhane à 5 100 hommes en 2020. Une décision sera prise à l'occasion du prochain sommet conjoint de la France et des pays du G5 Sahel en février à N'djamena, selon Florence Parly.
Des «succès militaires importants», selon la ministre
«[La force Barkhane a remporté] des succès militaires importants, à la fois en neutralisant plusieurs hauts responsables de groupes terroristes et en attaquant leurs chaînes logistiques», a poursuivi la ministre des Armées en faisant le bilan de l'année 2020.
Le leader d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l'Algérien Abdelmalek Droukdal, a été tué dans le nord du Mali en juin. La France a aussi annoncé la neutralisation en novembre de Bah Ag Moussa, décrit comme le chef militaire du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda.
Trois soldats français ont été tués le 28 décembre dans une attaque à l'engin explosif artisanal revendiquée par le GSIM, et deux autres le 2 janvier dans des circonstances similaires. «Oui, les conditions de sécurité au Sahel restent difficiles. Les terroristes utilisent l'arme des lâches», a lancé Florence Parly, affirmant que ces engins artisanaux se déclenchaient indifféremment au passage de véhicules civils et militaires.
«Si les djihadistes adoptent ces méthodes pernicieuses de guérilla, c'est qu'ils refusent le combat, conscients qu'ils n'auraient aucune chance s'ils devaient se confronter aux soldats de Barkhane dans un combat régulier», a-t-elle jugé. Les cinq soldats ont été tués alors qu'ils circulaient dans des VBL, des véhicules blindés légers de conception vétuste. «Je souhaite qu'on puisse en faire davantage pour mieux protéger nos militaires», a relevé Florence Parly, sans plus de précisions.
La ministre a de nouveau exclu toute négociation «avec des groupes terroristes comme Al-Qaïda ou Daech, qui assassinent de manière aveugle et ont du sang sur les mains». Mais la porte est ouverte pour «des gens qui ont déposé les armes et qui ne sont pas motivés par une idéologie radicale et criminelle», a-t-elle relevé. Ils doivent se rallier aux accords de paix d'Alger de 2015, a-t-elle ajouté.
Face à la persistance des violences djihadistes, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de transition au Mali n'excluent pas d'engager des négociations avec des groupes armés, tout comme auparavant le président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un putsch en août.