«Lorsque la France avait été attaquée il y a cinq ans, toutes les nations du monde nous avaient soutenus», a déclaré le locataire de l'Elysée, cité dans la version française d'un article publié le 15 novembre au soir sur le site du New York Times, évoquant évidemment les attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait plus de 130 morts au Bataclan et dans plusieurs cafés parisiens.
«Et quand je vois, dans ce contexte, de nombreux journaux qui je pense viennent de pays qui partagent nos valeurs, qui écrivent dans un pays qui est l'enfant naturel des Lumières et de la Révolution française, et qui légitiment ces violences, qui disent que le cœur du problème, c'est que la France est raciste et islamophobe, je dis : les fondamentaux sont perdus», a ajouté le président français.
Dans le même article, le journaliste du New York Times Ben Smith écrit qu'Emmanuel Macron accuse les médias anglophones, et américains en particulier, de chercher «à imposer leurs propres valeurs à une société différente». Il leur reproche, toujours selon Ben Smith, de ne pas comprendre «la laïcité à la française – une séparation active de l'Eglise et de l'Etat qui date du début du XXe siècle».
La France a subi ces dernières semaines trois attentats djihadistes : une attaque fin septembre à l'arme blanche qui a fait deux blessés près des anciens locaux de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, la décapitation le 16 octobre du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty qui avait travaillé avec ses élèves sur les caricatures du prophète de l'islam Mahomet publiées par Charlie Hebdo, et une attaque au couteau qui a fait trois morts fin octobre dans la basilique de Nice (Alpes-Maritimes).
Dans une interview exclusive accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera diffusée le 31 octobre, Emmanuel Macron s'est exprimé sur la colère provoquée dans le monde musulman par les caricatures publiées par le magazine satirique Charlie Hebdo. Une colère dont le président français est devenu le symbole et la cible après son discours en hommage à Samuel Paty, dans lequel il revendiquait le droit à la caricature. «Je comprends qu'on puisse être choqué par des caricatures, mais je n'accepterai jamais qu'on puisse justifier la violence. Nos libertés, nos droits, je considère que c'est notre vocation de les protéger», a déclaré le chef de l'Etat dans un extrait de cet entretien, cité par l'AFP.
Après l'assassinat de Samuel Paty, le gouvernement français avait lancé une série de procédures judiciaires et administratives contre des associations musulmanes françaises soupçonnées de complaisance avec l'islamisme radical. A la suite de quoi, le président turc Recep Tayyip Erdogan l'avait accusé de défendre le blasphème contre l'Islam, et avait appelé ses concitoyens à boycotter les produits français. Des manifestations anti-Macron et anti-France ont alors eu lieu dans de nombreux pays tels que le Pakistan, le Bangladesh, le Liban, l'Afghanistan, l'Iran, l'Inde, la Libye ou encore la Palestine.