France

«Ne cultivons pas l'ignorance» : le journalisme expliqué par Macron au Financial Times

En réponse à un article du quotidien britannique, le président français a publié une tribune dans laquelle il critique ses méthodes journalistiques et explique que «la France se bat contre le séparatisme islamiste, jamais contre l'islam».

Dans la soirée du 4 novembre 2020, Emmanuel Macron s'est indigné dans une longue «lettre à la rédaction» – également  mise en ligne sur le site de l'Elysée – d'un article du Financial Times où il se dit «accusé de stigmatiser, à des fins électorales, les Français musulmans ; pire, d'entretenir un climat de peur et de suspicion à leur égard» et dans lequel ses propos auraient été déformés. Paru le 2 novembre, cet article a été retiré du site du quotidien britannique depuis. 

Je n’évoquerai pas la rigueur discutable d’un article où le discours d’un chef d’Etat est placé sur le même plan que les propos rapportés d’un commentateur anonyme.

Emmanuel Macron affirme qu'il ne laissera personne «affirmer que la France, son Etat, cultive le racisme vis-à-vis des musulmans». Il estime que le Financial Times – qu'il définit pourtant comme un «quotidien de référence» – a manqué de professionnalisme : il évoque la «rigueur discutable» d'un article où «le discours d’un chef d’Etat est placé sur le même plan que les propos rapportés d’un commentateur anonyme».

Ne cultivons donc pas l’ignorance, en déformant les propos d’un chef d’Etat [...] Préférons toujours la rigueur lucide, le travail rigoureux. Le savoir instruit.

Le président français estime également que le journal d'outre-Manche n'a pas été fidèle à ses propos. Après avoir critiqué l'emploi de «fausses citations» (confondant «séparatisme islamique» – un terme qu'il affirme n'avoir jamais employé, et «séparatisme islamiste») Emmanuel Macron finit sa lettre par un sermon : «Ne cultivons donc pas l’ignorance, en déformant les propos d’un chef d’Etat [...] Préférons toujours la rigueur lucide, le travail rigoureux. Le savoir instruit.»

«Nous n'avons pas besoin que des articles de journaux cherchent à nous diviser»

Comme sur la chaîne publique qatarie al-Jazeera le 31 octobre, le président français souhaite également expliquer par delà les frontières de l'Hexagone que sa lutte contre le «séparatisme islamiste» n'est pas un combat contre l'islam, alors que les musulmans de plusieurs pays ont réagi avec colère à ses propos, avec un appel au boycott des produits français. 

Après avoir rappelé la série d'attentats qui ont frappé la France depuis la tuerie de Charlie Hebdo en 2015 et ont fait plus de 300 morts, Emmanuel Macron explique que la France est attaquée pour ses valeurs, la laïcité, la liberté d'expression et qu'elle «ne cèdera rien».

Il expose en détail les cas de séparatisme islamiste, selon lui «terreau des vocations terroristes» et évoque «des centaines d'individus radicalisés dont on craint, à tout moment, qu'ils prennent un couteau et aillent tuer des Français».

«Vous ne me croyez pas ? Relisez les échanges, les appels à la haine diffusés au nom d’un islam dévoyé, sur les réseaux sociaux qui ont finalement abouti à la mort du professeur Samuel Paty il y a quelques jours. Allez visiter les quartiers où des petites filles de trois ou quatre ans portent le voile intégral» et sont «élevées dans un projet de haine des valeurs de la France», a également lancé Emmanuel Macron au Financial Times

Le chef de l'Etat a enfin tancé les journalistes du quotidien en déclarant que la lutte contre «l’obscurantisme, le fanatisme, l’extrémisme violent» est «notre droit le plus strict de nation souveraine», et que «nous n'avons pas besoin que des articles de journaux cherchent à nous diviser».