Washington sanctionne le secteur financier iranien
Washington a mis en place de nouvelles sanctions sur le secteur financier iranien, en dépit de leurs probables conséquences humanitaires dans le pays. Des acteurs du lobbying israélien auraient activement encouragé une telle initiative.
A moins de quatre semaines de l'élection présidentielle américaine, l'administration Trump a annoncé son intention de couper le secteur financier iranien du reste du monde.
«Les mesures d'aujourd'hui pour inscrire le secteur financier iranien sur liste noire et sanctionner 18 [...] banques iraniennes illustrent notre engagement à stopper l'accès illicite [de Téhéran] aux dollars américains», a fait savoir dans un communiqué du 8 octobre le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
Ainsi que l'a rapporté le jour-même le Washington Post, la mise en place de cette liste noire aurait été poussée par «des responsables israéliens» ainsi que par la Foundation for Defense of Democracies [FDD], un think tank américain identifié comme néoconservateur et pro-israélien.
Cité par l'AFP, Behnam Ben Taleblu, haut responsable du FDD spécialisé sur le dossier iranien, a de fait affirmé qu'«il y avait encore plusieurs points de contact entre le secteur financier iranien et le système financier international, et [qu']il était temps de les déconnecter».
«Notre campagne de pression économique maximale va se poursuivre tant que l'Iran n'acceptera pas de conclure une négociation globale qui s'attaque au comportement néfaste du régime», a prévenu de son côté le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, précisant que ces sanctions entreraient en vigueur dans 45 jours, c'est-à-dire après la présidentielle américaine du 3 novembre et avant la prise de fonction du vainqueur, le 20 janvier.
Le régime américain veut détruire nos derniers canaux pour payer pour la nourriture et les médicaments
Evoquées par l'AFP, de nombreuses voix se sont élevées contre ces nouvelles sanctions qui pourraient encore réduire la possibilité pour l'Iran d'acquérir des biens jugés «humanitaires», même si Washington assure qu'ils font l'objet d'exemptions.
Colère des dirigeants iraniens
Le président iranien Hassan Rohani a dénoncé ce 9 octobre les nouvelles sanctions «cruelles et inhumaines» imposées à son pays par les Etats-Unis, tout en affirmant qu'elles ne parviendraient pas à briser «la résistance» de la République islamique.
«En pleine pandémie de Covid-19, le régime américain veut détruire nos derniers canaux pour financer l'achat de nourriture et de médicaments», avait la veille dénoncé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif sur Twitter. «Les Iraniens vont survivre à cette dernière cruauté, mais conspirer pour affamer un peuple est un crime contre l'humanité», a-t-il estimé.
Les sanctions américaines contre l'Iran avaient été levées en 2015, lorsque Téhéran s'était engagé dans un accord international à ne pas se doter de l'arme nucléaire. Donald Trump, jugeant insuffisant ce texte négocié par son prédécesseur Barack Obama, avait retiré en 2018 son pays de cet accord. Dans la foulée, il avait rétabli, voire durci ces sanctions.
Ces mesures punitives étranglent l'économie iranienne, puisqu'elles s'accompagnent de sanctions dites «secondaires» : tout pays ou entreprise qui continue à échanger avec l'Iran risque en effet de se voir barrer l'accès aux vastes marché et secteur financier américains.
L'administration Trump avait affiché comme objectif de faire plier la République islamique pour la faire «changer d'attitude» et négocier «un meilleur accord». Mais à l'approche de la fin du premier mandat du président républicain, elle n'a obtenu aucune avancée sur ces deux fronts.