155 soldats français inhumés en Crimée, aucun représentant officiel français envoyé sur place

Auteur: RT France
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Des soldats de Napoléon III ayant combattu dans la guerre de Crimée ont été inhumés à Sébastopol. Ancien ambassadeur, Jean de Gliniasty explique pourquoi la France, qui ne reconnaît pas le rattachement de la péninsule, n'a envoyé aucun représentant.

Un petit morceau d’histoire a été rétabli. Gerbes d’œillets et cercueils couverts d’un drapeau tricolore ont habillé le Cimetière militaire français de Sébastopol, le 3 octobre. Les dépouilles de 155 soldats français ayant combattu sous Napoléon lll lors du siège de Sébastopol en 1854-1855 y ont été inhumées. Dans le cimetière, l’un des plus anciens de la ville et où environ 23 000 soldats français sont enterrés, aucun représentant officiel français n’était présent à la cérémonie.

«La France n’a jamais reconnu le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014», explique Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie entre 2009 et 2016. «Les officiels français n’ont absolument pas le droit de se rendre dans ces territoires», ajoute ce spécialiste des questions russes, par ailleurs directeur de recherche à l’IRIS. Selon lui, l’événement constituait «peut-être un moyen d’attirer des officiels français», mais Paris «ne pouvait pas rompre sa position à cette occasion, d’autant plus que celle-ci est européenne».

«Nous sommes très attachés à honorer les soldats français tombés au combat lors de ce conflit», a expliqué au Figaro l’ambassadeur de France en Russie, Pierre Lévy. Cependant, a-t-il ajouté, «notre position est claire : la France ne reconnaît pas l’annexion illégale de la Crimée par la Russie et refuse toute instrumentalisation de la mémoire de ses enfants. Elle n’enverra donc pas de délégation à cet événement».

Les dépouilles des 155 soldats français avaient été trouvées lors de la construction d’un immeuble à Sébastopol en 2013, soit avant le référendum d'autodétermination de 2014, quand la Crimée était encore ukrainienne. Les tensions politiques avaient retardé l’inhumation des corps, conservés dans des sacs plastiques placés dans un conteneur jusqu’à leur récente mise en terre.

«Main tendue»

«[Ces soldats] sont morts loin de chez eux, sans avoir revu leur famille, nous leur rendons hommage», a expliqué Pierre Malinowski, ancien militaire français à l’origine du projet salué par Moscou et président de la Fondation pour le développement des initiatives historiques franco-russes, qui œuvre au rapprochement entre les deux pays. «La guerre n’est pas terminée tant que le dernier soldat n’est pas enterré», a-t-il rappelé le 3 octobre, dans des propos cités par le Figaro.

«L'inhumation est née d’un projet conjoint à grande échelle du Fonds pour le développement des initiatives historiques franco-russes, de l'Académie des sciences de Russie, du ministère de la Science et de l'Enseignement supérieur de Russie, du gouvernement de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol», peut-on lire sur une publication Facebook du ministère de la Science et de l'Enseignement supérieur de la Fédération de Russie.

Les autorités de Sébastopol se sont exprimées sur l’événement, qu’elles considèrent comme une «main tendue». 

«Si l’Europe reconnaissait le choix qui a été fait par les habitants de la Crimée de revenir en Russie, il y aurait beaucoup de perspectives de coopération», estime ainsi le gouverneur de Sébastopol, Mikhaïl Razvojaïev. Pour Jean de Gliniasty, aucune des deux parties ne semble pour l’heure disposée à revenir sur ses positions. En Russie, «l’appartenance de la Crimée est entrée dans la loi. De plus, dans la nouvelle constitution russe, un amendement interdit de céder le moindre morceau de territoire russe».

La situation semble d'autant moins conciliable que les relations franco-russes ont connu un regain de tensions autour, par exemple, de l'affaire Navalny ou encore des élections en Biélorussie.

Cette guerre n’a pas laissé de conflictualité entre la Russie et la France

La guerre de Crimée a opposé de 1853 à 1856 une coalition composée de la France, l’Empire ottoman, la Grande-Bretagne et du royaume de Sardaigne contre la Russie du tsar Nicolas Ier. Elle fut l’une des premières guerres à voir l'utilisation des nouveaux moyens de l’époque : chemin de fer, fusil à canon rayé, télégraphe, photographie. Si cette guerre reste méconnue en France, les noms de ses grandes batailles, Malakoff, Inkermann, Alma, Sébastopol, sont restés dans les esprits.

«Cette guerre n’a pas laissé de conflictualité entre la Russie et la France», analyse Jean de Gliniasty. «En France, elle n'est pas très présente dans la mémoire collective. Peut-être car quelques années après la victoire, l’influence russe était retrouvée sur l’ensemble de la Crimée», poursuit-il. En Russie, cette guerre a en revanche laissé plus de traces. Elle a notamment fait l’objet de nombreux écrits de Léon Tolstoï, les fameux «récits de Sébastopol».

Maïlys Khider 

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