La vidéo d'un Afro-Américain mort après son interpellation refait surface et ravive la colère
La tension est montée d'un cran dans l'Etat de New York après la diffusion d'une vidéo de l'interpellation en mars d'un homme noir souffrant de troubles psychiques. Cette arrestation avait abouti à son décès par asphyxie une semaine plus tard.
La colère contre le racisme et les violences policières, déjà vive aux Etats-Unis, a été une nouvelle alimentée par la publication tardive, le 2 septembre, d'une vidéo révélant comment Daniel Prude, un Afro-Américain souffrant de troubles psychiques, est mort après avoir été asphyxié par des policiers lors de son interpellation à Rochester (New York) en mars dernier.
Sur la vidéo diffusée après une demande formelle de la famille, on peut voir Daniel Prude, 41 ans, entièrement nu, menotté et maintenu à terre par des policiers. Ceux-ci étaient intervenus le 23 mars après que le frère de la victime avait appelé les secours pour tenter de la calmer, Daniel Pride affichant des signes de troubles psychologiques.
J'ai passé un appel pour que mon frère reçoive de l'aide, pas pour qu'il soit lynché
Alors que l'homme tient des propos incohérents, on observe un policier qui lui place un sac de toile sur la tête, officiellement pour protéger les agents d'éventuels crachats. Un policier place alors ses deux mains sur le visage de Daniel Prude, qui a du mal à respirer et supplie qu'on ôte ce sac en toile, avant de perdre connaissance. On peut aussi entendre des policiers rire à plusieurs reprises lors de l'interpellation filmée par leurs mini-caméras.
Père de cinq enfants, Daniel Prude, qui résidait habituellement à Chicago, mourra une semaine plus tard à l'hôpital où il était plongé dans le coma. Après autopsie, l'institut médico-légal a conclu que le décès relevait d'un homicide lié à une «asphyxie consécutive à une contrainte physique».
«J'ai passé un appel pour que mon frère reçoive de l'aide, pas pour qu'il soit lynché», a déclaré Joe Prude, le frère de Daniel, lors d'une conférence de presse organisée le 2 septembre. Il s'agirait pour lui d'un «meurtre de sang-froid».
Le 3 septembre, lors d'une conférence de presse, l'édile de Rochester, Lovely Warren, a annoncé la suspension des policiers présents lors de l'interpellation de Daniel Prude. «Nous n'avons pas fait ce qu'il fallait pour lui», a-t-elle admis. «Mais aujourd'hui, nous avons l'occasion de prendre les bonnes décisions […] de faire en sorte que cela ne se produise plus», a-t-elle assuré. «Quand j'ai vu la vidéo, j'ai été très choquée», a-t-elle commenté, faisant savoir que le dossier a été confié aux services du procureur de l'Etat de New York dès les heures qui ont suivi l'interpellation, comme le prévoit la loi locale afin d'éviter tout conflit d'intérêts. «Depuis, nous attendons qu'[ils] décident de la marche à suivre», a-t-elle expliqué. «Malheureusement, cela a pris du temps», a-t-elle déploré. Le procureur de l'Etat de New York, Letitia James, a confirmé l'existence d'une enquête, sans préciser où elle en est actuellement. Renvoyant la balle, elle a invité la ville de Rochester et la police locale à mener leurs propres enquêtes.
Le même jour, le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, a réclamé la conclusion de l'enquête «aussi rapidement que possible» et demandé la coopération de la police locale.
Manifestations
Des dizaines de personnes se sont rassemblées dès le 2 septembre pour manifester devant le siège de la sécurité publique à Rochester. De nouvelles manifestations ont eu lieu le lendemain et le 4 septembre, toujours à Rochester, mais aussi à New York.
Black Lives Matter rioters set fire to a bus stop in Rochester. pic.twitter.com/OGcM3fcKR2
— Ian Miles Cheong (@stillgray) September 5, 2020
Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent que la tension a été particulièrement vive durant la soirée du 4 septembre entre les manifestants et les forces de l'ordre. Des individus ont en outre dégradé du mobiliser urbain.
Rochester police move on the Black Lives Matter "shield line" in Rochester. pic.twitter.com/NwytKvyWjQ
— Ian Miles Cheong (@stillgray) September 5, 2020
Cette nouvelle affaire intervient après une série d'interpellations brutales de femmes et d'hommes noirs aux Etats-Unis, dont George Floyd. Sa mort, filmée le 25 mai, a suscité des manifestations monstres dans tout le pays contre les violences policières et le racisme outre-Atlantique.
Plus récemment, l'Afro-Américain Jacob Blake a été grièvement blessé par des tirs dans le dos d'un policier qui tentait de l'interpeller le 23 août à Kenosha (Wisconsin). Le 2 septembre, un jeune homme noir de 18 ans, Deon Kay, a été tué par la police de Washington d'une balle en pleine poitrine, alors qu'il fuyait une arme à la main les agents venus l'interpeller, selon l'AFP.