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A 100 jours de la présidentielle, manifestations sous haute tension aux Etats-Unis

Des manifestations violentes ont de nouveau éclaté aux Etats-Unis, empoisonnant la campagne présidentielle qui peine à se dérouler dans un contexte national et international sous haute tension.

De Los Angeles à New York, de nombreuses manifestations ont eu lieu ce 25 juillet dans plusieurs grandes villes des Etats-Unis, donnant lieu à de multiples heurts entre protestataires et forces de l'ordre, ainsi que des dizaines d'arrestations. 

Dans la lignée des manifestations contre le racisme et les violences policières consécutives à la mort de l'afro-américain George Floyd le 25 mai à Minneapolis (Minnesota), ces actions virent désormais au bras de fer avec le président américain, qui a ordonné le déploiement d'agents fédéraux.

Des manifestations marquées par d'importants heurts

Des heurts entre manifestants et policiers ont de nouveau marqué la nuit du 24 au 25 juillet dans la ville de Portland (Oregon), nouvel épicentre de la protestation.

Plusieurs dizaines de manifestants ont notamment fait tomber la barrière protégeant le palais de justice fédéral de Portland, symbole cristallisant la colère depuis que des agents fédéraux y ont été déployés pour maintenir l'ordre. 

Les forces de l'ordre ont répliqué avec d'abondants tirs de gaz lacrymogène et dispersé la foule. La police a par ailleurs, selon l'AFP, confirmé qu'un homme avait été poignardé et que le suspect avait été retenu par les manifestants avant d'être arrêté par les forces de l'ordre.

Dans de nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on voit ces agents, en tenue paramilitaire et sans badge visible d'identification, interpeller des suspects. Le fait qu'ils utilisent des véhicules banalisés alimente d'autant la polémique sur leur présence. Une enquête officielle a été ouverte le 23 juillet par le ministère de la Justice sur l'action controversée de ces policiers fédéraux.

A Seattle, dans l'Etat de Washington, après une après-midi de manifestations pacifiques, la nuit du 25 au 26 juillet a été particulièrement mouvementée.

Le bruit des détonations a résonné dans certaines rues, et de la fumée s'élevait d'un secteur où des manifestants ont mis le feu à des remorques sur un site de construction d'un centre de détention pour mineurs, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Certains des manifestants ont tenté de se protéger du gaz au poivre, utilisé par les forces de l'ordre afin de dissiper la foule de protestataires, avec des parapluies.

Les autorités ont annoncé sur Twitter que 45 personnes avaient été arrêtées pendant ces «émeutes». 

A Louisville (Kentucky), la tension est vite montée le 25 juillet lorsque deux milices armées se sont faites face dans le centre de la ville. D'un côté, environ 300 membres Not Fucking Around Coalition (NFAC), qui réclame justice dans l'affaire de l'Afro-Américaine Breonna Taylor de 26 ans qui aurait été tuée dans son appartement par la police en mars. De l'autre, une cinquantaine de membre de la milice III% (Three Percenters en anglais) de droite patriotique, conservatrice et anti-gouvernementale qui défend notamment les droits des propriétaires d'armes à feu.

La police de Louisville s'est positionnée entre les deux milices, les gardant à distance l'une de l'autre et la confrontation s'est achevée sans incident.

Trois personnes ont par ailleurs été légèrement blessées par arme à feu en marge d'une manifestation antiraciste à Louisville, dans l'Etat du Kentucky, d'après des médias américains. La police, citée par l'AFP, a toutefois évoqué des circonstances «accidentelles».

Au Texas, en revanche, un homme qui était «probablement armé» selon la police, a été tué par balle en marge d'une manifestation à Austin. L'auteur des coups de feu mortel a été arrêté. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la ville le 25 juillet contre le racisme et les violences policières.  

Des mobilisations ont également eu lieu à Chicago (Illinois), où Donald Trump a annoncé le 22 juillet qu'il allait renforcer les effectifs des agents fédéraux.

D'autres manifestations ont aussi eu lieu, notamment à Omaha, Oakland, Los Angeles ou New York ou Denver.  

Le 21 juillet, des maires démocrates de grandes villes américaines s'étaient opposés, dans une lettre envoyée au secrétaire d'Etat américain à la Justice, William Barr, et au directeur du département de la Sécurité intérieure, Chad Wolf, au «déploiement unilatéral» de forces fédérales dans leurs villes, rappelant qu'aux Etats-Unis, les municipalités sont en principe en charge des méthodes utilisées face à la criminalité.

Une campagne présidentielle chaotique 

Ces tensions s'inscrivent dans un contexte de campagne pour les élections présidentielles, qui auront lieu le 3 novembre, où Donald Trump, Joe Biden mais aussi la venue surprise du rappeur Kanye West dans la course (il n'aurait toutefois aucune chance de l'emporter car les candidatures sont déjà closes au Texas et en Floride, des Etats indispensables), défrayent chacun leur tour la chronique.

Le président américain, critiqué pour sa gestion de la pandémie de Covid-19, est devancé dans plusieurs sondages par son rival démocrate Joe Biden, et a fait du retour du «droit et de l'ordre» un slogan de campagne, qu'il marque souvent en lettres capitales dans ses tweets.

Donald Trump ne se méfie pas seulement de ses adversaires politiques, il a aussi pointé du doigt l'influence de certains «milliardaires gauchistes», alliés des démocrates dans un courrier envoyé à ses électeurs début juillet.

«Avec l'aide de Barack Obama et Hillary Clinton – et en utilisant les fonds des milliardaires gauchistes qui sont leurs alliés, tels que George Soros, Michael Bloomberg, et Tom Steyer – Joe Biden et Chuck Schumer [chef des démocrates au Sénat des Etats-Unis] font pression pour trouver des moyens de truquer les élections de novembre ; de l'appel à généraliser le vote par courrier, l'inscription [pour voter] le jour même, ou encore la non nécessité de disposer d'une carte d'identité pour voter», déclarait-il notamment dans ce courrier.

Accusation de collusion avec la Chine

Mi-juin, alors que les relations entre Washington et Pékin ne cessent de se dégrader depuis le début de la crise du Covid-19, Donald Trump s'est vu accuser, par son ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, dans un livre paru le 23 juin (mais dont des extraits ont été révélés avant sa sortie), d'avoir cherché, pour assurer sa réélection, l'aide de la Chine. En réponse, Donald Trump avait qualifié, dans un tweet incendiaire, John Bolton de «dingue», affirmant que le livre n'était qu'un tissu de «mensonges et de fausses histoires». Plus récemment, le 18 juillet, le président américain accusait son ancien conseiller d'avoir enfreint la loi en révélant «des quantités massives d'informations classifiées».

Du côté des démocrates, l'ancien vice-président des Etats-Unis et candidat Joe Biden n'a pas non plus connu un début de campagne de tous repos. 

Éclaboussé par «l'affaire ukrainienne» qui a refait surface avec fracas courant mai, l'ancien vice-président s'est vu accusé de racisme pour avoir rétorqué à un journaliste noir lors d'une interview pour l'émission de radio The Breakfast Club : «Si vous avez un problème pour déterminer si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors z'êtes pas noir», le tout en prenant un accent censé résonner avec les électeurs afro-américains. Le leader démocrate s'est excusé par la suite d'avoir été aussi «désinvolte». 

Etant donné la tournure qu'a pris l'actualité récente, et le mouvement international de lutte contre le racisme suscité par la mort de George Floyd, cette sortie pourrait peser lourd dans le bagage du candidat pour le reste de la campagne. 

Autre épine dans le pied de Joe Biden, de graves accusations d'agression sexuelle qui se seraient déroulés en 1993 proférées par une de ses anciennes collaboratrice Tara Reade, alors qu'il était sénateur. «Cela n'est jamais arrivé», a démenti l'ancien vice-président, soutenu notamment par d'autres de ses collaborateurs de l'époque. D'autres femmes, notamment une ancienne élue démocrate du Nevada Lucy Flores, ont publiquement accusé Joe Biden en 2019 de comportements déplacés, notamment des baisers incongrus. Ce dernier a reconnu ces écarts de conduite et promis de faire plus attention à l'avenir. 

Enfin, Joe Biden, à 77 ans, serait le plus vieux président jamais élu si il remportait l'élection. Son état de santé mentale ou physique a fait plusieurs fois l'objet de spéculations depuis qu'il est annoncé comme étant le porte-étendard des démocrates pour la course à la Maison-Blanche. Des rumeurs que Donald Trump n'a pas hésité à exploiter sur les réseaux sociaux, en relayant parfois les moments de flottement de Joe Biden lors de ses prises de parole publique.