«Avril était le mois de la sensibilisation aux agressions sexuelles.» C'est par ces mots que le candidat démocrate à la présidence américaine Joe Biden a commencé son communiqué après les accusations d'agressions sexuelles lancées par son ex-collaboratrice Tara Reade. Ces allégations sur des faits remontant aux années 1990 «ne sont pas vraies», a déclaré dans ce texte l'ancien vice-président américain. «Cela n'est jamais arrivé», a-t-il renchéri.
Tara Reade, 56 ans, accuse l'ancien bras droit de Barack Obama de l'avoir agressée sexuellement alors qu'il était sénateur en 1993. Dans un podcast diffusé le 25 mars 2020, Tara Reade raconte la scène qui se serait déroulée dans les couloirs du Congrès américain : «Il m'a mise contre le mur [...] embrassée, [...] il m'a pénétrée avec ses doigts.»
Depuis la diffusion de cet enregistrement, deux témoins sont venus appuyer les déclarations de Tara Reade. Lorraine Sanchez, une ancienne collègue de Tara Reade, a corroboré ses propos concernant l'époque où elle travaillait pour Joe Biden. Linda LaCasse, 60 ans, ancien personnel hospitalier, a de son côté confié qu'au cours d'une conversation avec Tara Reade, elles avaient «commencé à parler de certaines choses, et elle [lui] a parlé du sénateur pour lequel elle avait travaillé et [raconté] qu’il avait mis sa main sous sa jupe ».
Côté parti démocrate, plusieurs anciens collaborateurs de Joe Biden travaillant au Sénat à la même époque que Tara Reade auraient assuré «sans équivoque qu'elle n'était jamais venue vers eux pour en parler, porter plainte ou soulever cette question», s'est défendu le candidat démocrate. Joe Biden a aussi pointé qu'il n'existait pas de trace écrite d'une plainte déposée par Tara Reade à l'époque des faits, ni d'accord de confidentialité signé. Une pratique courante et monnayée aux Etats-Unis dans ce genre d'«affaires».
A la recherche de traces écrites
Le candidat à la Maison Blanche a même invité les journalistes à fouiller les archives du Sénat. Dans le même temps, il s'est opposé à l'ouverture des archives de l'université du Delaware alors que Tara Reade avait suggéré à la presse d'y enquêter. Un contre-pied qui jette le trouble dans cette campagne à distance pour cause de confinement. Que cache Joe Biden ? C'est la question qui agite les opposants au candidat démocrate. Mais aussi l'opinion publique américaine dans son ensemble, qui fait grand cas des histoires de mœurs.
Faire de la fin de la violence sexiste aux États-Unis et dans le monde une priorité absolue
Dans son communiqué, Joe Biden a ainsi tenté d'éteindre un scandale qui pourrait lui coûter le Bureau Ovale. S'il a promis, durant la campagne démocrate, de choisir une femme pour le poste de vice-président, il a aussi tenu à rappeler dans son texte qu'il avait adopté il y a plus de 25 ans le Violence Against Women Act. Et le candidat démocrate de conclure : «Nous devons faire de la fin de la violence sexiste aux Etats-Unis et dans le monde une priorité absolue. En tant que président, je m'engage à terminer le travail.» Pour cela, il lui faudra attendre le premier jour du scrutin prévu le 3 novembre 2020, et son investiture. Si les Américains lui font toujours confiance d'ici là.