«Nettoyer la Maison-Blanche», «justice raciale» : des obsèques très politiques pour George Floyd

- Avec AFP

«Nettoyer la Maison-Blanche», «justice raciale» : des obsèques très politiques pour George Floyd© Godofredo A. Vasquez Source: AFP
Le cercueil de George Floyd, le 9 juin 2020, dans l'église Fountain of Praise de Houston, au Texas.
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Les funérailles de George Floyd, Afro-américain tué lors de son interpellation par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis, ont pris une tournure très politique le 9 juin, entre appels à «plus de justice raciale» et dénonciations de Donald Trump.

Entre les larmes, les slogans : les obsèques de George Floyd, dans une église du Texas le 9 juin, ont mêlé les hommages à cet Afro-américain tué lors de son interpellation par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis, les appels enflammés à s'attaquer au racisme aux Etats-Unis et les critiques visant le président et candidat à sa réélection, Donald Trump.

Un appel à «nettoyer la Maison-Blanche»

Les proches du défunt, très émus, ont salué «Big George», leur «superman».

Quand est-ce que l'Amérique a été grande ?

Plusieurs élus démocrates se sont succédés à la tribune de l'église Fountain of Praise de Houston, mais c'est la jeune nièce de George Floyd qui s'est aventurée la première sur un terrain clairement politique. «Certains disent qu'il veulent rendre leur grandeur à l'Amérique», a lancé Brooke Williams, en référence au slogan de campagne de Donald Trump. «Mais, quand est-ce que l'Amérique a été grande ?»

Figure de la lutte pour les droits civiques, le révérend Al Sharpton, qui a prononcé l'éloge funèbre retransmis en direct dans des millions de foyers, a même accusé le président américaine de «malfaisance», lui reprochant d'encourager les policiers à se croire au-dessus des lois.

«Le président a parlé d'appeler les militaires en renfort [pour ramener le calme dans les villes secouées par des violences]», a-t-il insisté, alors qu’«il n'a pas eu un mot pour les 8 minutes et 46 secondes de ce meurtre policier».«Le message transmis, c'est que, si vous êtes dans les forces de l'ordre, la loi ne s'applique pas à vous», a ajouté Al Sharpton.

Pourtant, Donald Trump avait annoncé le 29 mai avoir parlé avec la famille de George Floyd, mort quatre jours plus tôt. «Je comprends la douleur», avait-il alors déclaré, ajoutant : La famille de George a droit à la justice.»

Aux obsèques, le révérend Bill Lawson a déclaré : «La première chose que nous devons faire est de nettoyer la Maison-Blanche». Il a appelé, sous les applaudissements de l'église, les Américains à «voter» alors que les élections présidentielles auront lieu en novembre.

Rare figure blanche à s'exprimer, le pasteur Steve Wells a interpellé sa communauté : «Nous sommes meilleurs qu'avant, mais nous ne sommes pas aussi bons que nous devrions l'être.» «Il faut que vous agissiez pour plus de justice raciale», a-t-il imploré.

Forte mobilisation démocrate

Joe Biden, qui devrait être le concurrent démocrate de Donald Trump pour la présidentielle de novembre, a fait parvenir une vidéo qui a été diffusée pendant la cérémonie. L'ancien vice-président de Barack Obama s’est demandé : «Pourquoi est-ce que dans ce pays de trop nombreux Américains noirs se lèvent le matin en sachant qu'ils pourraient mourir en vivant simplement leur vie ?» Il a par ailleurs estimé qu’était venue «l'heure de la justice raciale».

«George Floyd a changé le monde et nous allons le faire savoir au monde», a déclaré Al Green, élu démocrate du Texas à la Chambre des représentants. «Nous devons faire en sorte de ne pas sortir d'ici aujourd'hui après avoir célébré sa mémoire sans nous assurer de faire ce qui est nécessaire pour ne pas oublier et pour que cela n'arrive plus aux générations à venir», a-t-il ajouté.

Représentante du même parti de la circonscription de Houston au Congrès américain, Sheila Jackson Lee lui a succédé sur scène et a dit espérer, elle aussi, que George Floyd ne soit pas mort en vain.

Il avait pour «mission» sur Terre de «faire se lever les gens et qu'ils ne rassoient pas tant qu'ils n'auraient pas obtenu justice», a-t-elle estimé.

Très applaudie, elle a fait savoir que les anciens présidents démocrates Bill Clinton et Barack Obama avaient écrit à la famille de George Floyd, à laquelle a également été remis un drapeau américain au nom de la présidente (démocrate) de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. 

Celle-ci, récemment, s'est symboliquement agenouillée la veille au Congrès à Washington avec d'autres élus démocrates avant de présenter une proposition de loi visant à réformer la police aux Etats-Unis.

Mise en terre dans l’intimité

Entrecoupées de chants gospel, les funérailles ont aussi vu un artiste dessiner le visage de George Floyd en ligne blanche, sur une toile noire.

A l'issue de la cérémonie, des centaines de personnes scandant le nom de George Floyd ont accompagné sa dépouille, transportée dans une calèche funéraire blanche jusqu'au cimetière de Memorial Gardens dans la banlieue de Houston. Pour l'intimité de la famille, la presse n'était pas autorisée à assister à l'inhumation.

George Floyd repose désormais aux côtés de sa mère Larcenia, décédée en 2018, dont il avait le surnom «Cissy» tatoué sur la poitrine.

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