Africains discriminés: la Chine promet une tolérance zéro contre le racisme dans sa gestion du Covid

Africains discriminés: la Chine promet une tolérance zéro contre le racisme dans sa gestion du Covid© Fred DUFOUR Source: AFP
Cette photo d'archive prise le 2 mars 2018 montre des gens qui se rassemblent dans une rue du quartier "Little Africa" ​​à Guangzhou, la capitale de la province du Guangdong, dans le sud de la Chine (image d'illustration).
Suivez RT en français surTelegram

La Chine tente de rassurer après des témoignages faisant état de discriminations envers les Africains au cours de la lutte contre le coronavirus. Des incidents qui font par ailleurs ressurgir les tensions diplomatiques entre Pékin et Washington.

Accusées par l'Union africaine (UA) d'avoir mis en place des politiques de lutte contre la pandémie de Covid-19 différenciées et préjudiciables envers les étrangers vivant en Chine, et plus particulièrement envers les ressortissants africains, les autorités chinoises assurent qu'elles répondront «aux appels légitimes de la partie africaine».

Tandis que des Africains installés à Guangzhou (également appelé Canton, métropole du sud du pays) rapportent des cas de discriminations ces derniers jours, après la détection de plusieurs cas positifs au Covid-19 dans la communauté nigériane locale, Pékin évoque de son côté un «phénomène isolé».

Dans un contexte de tensions diplomatiques, Washington s'est saisi de ces incidents pour battre en brèche le partenariat stratégique sino-africain, déclenchant l'ire Pékin.

«Nos frères africains»

Sous forte pression après ces accusations de xénophobie, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a souligné dans un communiqué publié le 13 avril que les responsables locaux attachaient «une grande importance» aux préoccupations soulevées par certains Etats africains au sujet des allégations de mauvais traitements, et que des mesures étaient mises en place pour garantir la sécurité et le bien-être de tous les Africains vivant à Guangzhou et dans le reste de la province du Guangdong.

Le peuple chinois considère toujours le peuple africain comme des partenaires et frères contre vents et marées

Rappelant d'abord des liens forts et historiques construits «sur la base d'efforts conjoints pour rechercher l'indépendance et la libération nationales, le développement économique et de meilleures conditions de vie au cours des dernières décennies», le diplomate chinois souligne que «la Chine a fait don de quantités importantes de kits de test, de masques, de combinaisons de protection, de lunettes de protection, d'écrans faciaux, de thermomètres frontaux, de gants à usage médical, de couvre-chaussures, de respirateurs et d'autres fournitures à l'Union africaine et aux pays africains».

«Dans le cadre de notre lutte contre le coronavirus, le gouvernement chinois a accordé une grande importance à la vie et à la santé des ressortissants étrangers en Chine», assure-t-il. Et de continuer : «Tous les étrangers sont traités sur un pied d'égalité. Nous rejetons le traitement différencié, et nous avons une tolérance zéro à l'égard de la discrimination.»

Evoquant les «préoccupations raisonnables et [les] appels légitimes de la partie africaine», Zhao Lijian a néanmoins tenté de rassurer : «Les autorités du Guangdong prennent à cœur les préoccupations de certains pays africains et travaillent rapidement pour améliorer la méthode de travail. Les mesures consistent à fournir des services de gestion de la santé sans différenciation, désigner des hôtels pour l'hébergement des étrangers devant subir une observation médicale et adopter un ajustement des prix pour ceux qui ont des difficultés financières, mettre en place un mécanisme de communication efficace avec les consulats généraux étrangers à Guangzhou, et rejeter toutes les remarques racistes et discriminatoires.»

S'efforçant de ne pas laisser ces incidents entacher l'image de la Chine en Afrique, ni leurs relations commerciales, le diplomate chinois finit son communiqué sur une note positive. «Nous continuerons d'aider nos frères africains au mieux de nos capacités», affirme-t-il. Et d'ajouter : «Le peuple chinois considère toujours le peuple africain comme des partenaires et des frères contre vents et marées.»

«J'ai dû dormir sous un pont pendant quatre jours sans rien à manger»

Si le porte-parole de la diplomatie chinoise était poussé à prendre une position forte, c'est que les accusations étaient sérieuses, les incidents s'étant multipliés ces derniers jours.

Plusieurs Africains résidant à Guangzhou, particulièrement nombreux dans cette métropole de 15 millions d'habitants, ont en effet signalé avoir été victimes de discriminations, d'expulsions arbitraires et d'interdictions d'entrer dans des commerces. Ces incidents sont survenus après que cinq Nigérians de Guangzhou, testés positifs au Covid-19, auraient violé leur quarantaine pour se rendre dans plusieurs restaurants et lieux publics, selon un communiqué de la municipalité.

On est dans la rue comme des mendiants

Les autorités chinoises, qui semblent pour l'heure avoir largement contenu la pandémie de Covid-19, demeurent particulièrement alertes envers les personnes arrivant de l'étranger, potentiellement porteuses du virus et donc susceptibles de provoquer une deuxième vague épidémique. Mais cette politique aurait généré une suspicion dans la société chinoise envers les Africains résidant dans le pays, qui se serait notamment traduite, selon l'AFP, par un torrent de commentaires xénophobes sur les réseaux sociaux. «Certains ont même appelé à expulser de Chine tous les Africains», rapporte de son côté Le Point Afrique

«Nous sommes victimes de discrimination parce qu'ils pensent que nous sommes porteurs asymptomatiques du coronavirus. Certains nous détestent sans raison. Honnêtement, nous devons rentrer chez nous», a témoigné anonymement une Kényane vivant en Chine, au quotidien kényan Daily Nation.

«La première chose [que les autorités locales] demandent, ce sont les documents. Certains policiers vous permettent de garder le passeport, mais d'autres le prennent», a expliqué un autre témoin cité par le Daily Nation.

«J'ai dû dormir sous un pont pendant quatre jours sans rien à manger. Je ne peux même pas acheter de nourriture, car aucun magasin ou restaurant ne m'accepte», a ainsi affirmé à l'AFP Tony Mathias, un étudiant ougandais de 24 ans. «On est dans la rue comme des mendiants», proteste le jeune homme, qui dit avoir été forcé de quitter l'appartement où il vivait le 6 avril.

Le 14 avril, l'AFP rapporte en outre que la chaîne de fast-food McDonald's a dû présenter des excuses pour avoir interdit aux Noirs l'entrée d'un de ses restaurants du sud de la Chine. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrait en effet un avis expliquant en anglais à la porte d'un restaurant : «Les Noirs n'ont pas le droit d'entrer.» La chaîne américaine a précisé à l'AFP que l'établissement avait été fermé temporairement pour une séance de formation du personnel.

Des ambassadeurs africains reçus en Chine

La situation avait poussé le président de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, à faire part à la Chine de son «extrême préoccupation», le 11 avril sur Twitter. Sur le même réseau social, Moussa Faki Mahamat avait fait savoir qu'il convoquait «l'ambassadeur de Chine auprès de l'UA Liu Yuxi pour lui exprimer [son] extrême inquiétude au sujet des allégations de mauvais traitements d'Africains à Guangzhou», appelant à «des mesures rectificatives immédiates, dans la droite ligne [des] excellentes relations [entre l'Afrique et la Chine].»

Le 13 avril, une vingtaine d'ambassadeurs africains ont en outre été reçus à Pékin au ministère des Affaires étrangères par le vice-ministre des Affaires étrangères, Chen Xiaodong. Celui-ci a notamment promis de «lever les mesures sanitaires concernant les Africains, à l'exception des patients confirmés [atteints du Covid-19]».

Les Etats-Unis fustigent la «xénophobie des autorités chinoises à l'égard des Africains»

Le consulat américain à Guangzhou s'est lui aussi saisi de l'affaire, mettant en garde les Afro-Américains qui souhaiteraient se rendre dans cette métropole. «Le consulat général américain conseille aux Afro-Américains ou à ceux qui pensent que les autorités chinoises peuvent les soupçonner d'avoir des contacts avec des ressortissants des pays africains d'éviter la zone métropolitaine de Guangzhou jusqu'à nouvel ordre», conseillait ainsi le consulat le 13 avril.

Et Washington, qui a clairement identifié Pékin comme rival sur les plans géopolitique, économique et commercial, n'en est pas resté là, profitant de l'occasion pour critiquer avec virulence le pouvoir chinois.

Sous couvert d'anonymat, un porte-parole du département d'Etat américain cité par l'AFP a ainsi dénoncé le 11 avril la «xénophobie des autorités chinoises à l'égard des Africains». «Les abus et mauvais traitements à l'encontre des Africains vivant et travaillant en Chine rappellent tristement à quel point le partenariat entre la République populaire de Chine et l'Afrique est creux», ajoutait encore la même source.

Tandis que les Etats-Unis, pays le plus touché par la pandémie de Covid-19, multiplient les accusations envers Pékin au sujet de la crise sanitaire, le porte-parole affirmait encore : «Au moment où nous devrions nous soutenir les uns les autres pour surmonter une pandémie que les responsables chinois ont cachée au monde de manière irresponsable, les autorités chinoises se consacrent, elles, à mettre des étudiants africains à la rue sans nourriture ni abri.» Et de poursuivre : «Il est malheureux, mais pas surprenant, de voir ce genre de xénophobie des autorités chinoises à l'égard des Africains. Tous ceux qui observent les projets chinois à travers l'Afrique connaissent ce genre de comportements injustes et manipulateurs.»

Pékin assure ne pas avoir de leçons à recevoir de Washington

La diplomatie chinoise n'a pas tardé à répondre aux virulentes accusations émises par Washington. En effet, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying s'est défendue, le 12 avril sur Twitter, en accusant le département d'Etat américain de «mentir». «Les mesures de prévention et de contrôle de la Chine sont également appliquées aux citoyens chinois et étrangers et un phénomène isolé ne représente pas la politique du gouvernement chinois.» Hua Chunying a ensuite retourné les accusations : «Les Américains d'origine asiatique ont été victimes de racisme pendant la pandémie. Comment [le porte-parole du département d'Etat américain] explique-t-il cela?»

Un autre porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a également répondu aux attaques américaines dans un communiqué publié le 10 avril, en demandant notamment de ne pas politiser la pandémie de Covid-19 «pour mieux détourner l’attention et rejeter la faute».

«Les dénigrements et les critiques ne permettront pas d’éradiquer le virus», avait-il souligné dans la foulée, avant de déclarer : «Les accusations de dissimulation d’informations et de manque de transparence contre la Chine n’ont aucun fondement.»

Le diplomate chinois avait également fait remarquer : «La Chine a fait ce qu’elle pouvait et ce qu’elle devait faire. Quant à savoir si les Etats-Unis ont utilisé pleinement et de manière effective le temps précieux gagné par la Chine, ainsi que les informations importantes fournies par elle, et s’ils ont pris des mesures à temps pour endiguer le virus, je pense que seule l’histoire pourra en juger.»

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix