Luigi Di Maio quitte la tête du Mouvement Cinq Etoiles
- Avec AFP
«Je suis ici [...] pour présenter ma démission comme chef du Mouvement Cinq Etoiles», a déclaré Di Maio le 22 janvier. A l'aube d'une élection régionale cruciale pour la coalition gouvernementale, cette décision pourrait être lourde de conséquences.
Le chef du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, anti-système) Luigi Di Maio, membre de la coalition gouvernementale italienne de centre-gauche libérale, a démissionné le 22 janvier de la tête de son parti, à quatre jours d'un scrutin régional crucial pour la survie du gouvernement. Le principal ciment de la coalition gouvernementale du Premier ministre Giuseppe Conte est la peur d'élections anticipées susceptibles de déboucher sur l'arrivée au pouvoir de la Ligue (droite nationaliste, conservatrice et anti-immigration) de Matteo Salvini. Le M5S est le plus puissant parti de cette coalition formée avec le Parti démocrate (gauche). Le Premier ministre, proche du M5S, a dit regretter la décision de Luigi Di Maio mais assuré qu'elle n'aura «aucune répercussion sur le gouvernement», selon l'agence italienne AGI.
«Je suis ici aujourd'hui pour présenter ma démission»
«Je suis ici aujourd'hui pour présenter ma démission comme chef du Mouvement Cinq Etoiles», avait déclaré Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères, lors d'un rassemblement de membres du M5S. Durant un discours d'une heure au terme duquel il a eu droit à une standing ovation, il a qualifié le M5S de «projet visionnaire qui n'a jamais existé auparavant». Il a annoncé sa décision juste avant une élection régionale prévue le 26 janvier en Emilie-Romagne (nord-est), qui mettra le M5S et le Parti démocrate aux prises avec la Ligue.
Une victoire de la droite nationaliste dans cette région historiquement ancrée à gauche, dont Bologne est le chef-lieu, pourrait entraîner la chute du gouvernement et des législatives anticipées ardemment souhaitées par le chef de la Ligue, Matteo Salvini. Les derniers sondages prédisent de mauvais résultats au M5S. Premier parti d'Italie lors des dernières législatives de mars 2018, où il avait obtenu 32% des voix, il s'est effondré à 19% lors des européennes de mai dernier. Il est aujourd'hui crédité de 15% des intentions de vote, derrière le Parti démocrate à 18%, et la Ligue à 33%.
Luigi Di Maio, une présence contestée au sein du M5S
Luigi Di Maio, 33 ans, était arrivé à la tête du M5S en septembre 2017. Il était contesté à l'intérieur du M5S par des élus estimant qu'il ne pouvait concilier les postes de ministre et de chef de parti.
En conséquence, le sénateur Vito Crimi devrait prendre provisoirement le relais de Luigi Di Maio jusqu'à un congrès du parti en mars. «C'est un moment délicat pour le M5S. Nous devons avancer ensemble, car si nous nous divisons, nous perdons notre raison d'être», avait déclaré plus tôt dans la journée le ministre italien pour les Politiques de la jeunesse et les Sports Vincenzo Spadafora, membre du M5S, à la presse.
Créé par l'humoriste Beppe Grillo, le mouvement prétendait au départ n'être ni de droite ni de gauche et se présentait comme la seule alternative «honnête» aux partis institutionnels.
Le M5S se disait également opposé aux alliances politiques. Mais les élections de mars 2018 en avaient fait la principale force politique d'Italie, avec 32% des voix. Il avait alors formé une coalition gouvernementale avec la Ligue de Matteo Salvini, avant que celle-ci ne se délite et que le M5S se tourne vers le Parti démocrate. La popularité du M5S s'est effondrée durant son alliance avec la Ligue.
Pour ses partisans, le télégénique Luigi Di Maio a transformé le M5S en mouvement politique classique capable de s'allier avec la droite ou la gauche. Pour les experts politiques, le passage du M5S d'une alliance avec la Ligue à une coalition avec le Parti démocrate a entraîné de féroces disputes internes. «Les Cinq Etoiles ne savent pas qui ils sont», tiraillés «entre souverainisme et Etat-providence, entre populisme et moralisme, entre une idée visionnaire de l'avenir et un attachement à leurs bastions politiques», écrivait le 21 janvier le commentateur Claudio Tito dans le quotidien La Repubblica.
Lire aussi : Italie : les «sardines» serrent les rangs à Bologne face à la Lega