Elections anticipées à haut risque au Royaume-Uni : Farage fera-t-il de l'ombre à Johnson ?
L'incertitude demeure autour des élections générales anticipées voulues par Boris Johnson. Ce dernier a besoin d'une majorité absolue au Parlement pour concrétiser le Brexit, et Nigel Farage s'est immiscé dans la course.
Le 29 octobre, après trois tentatives infructueuses, Boris Johnson, successeur de Theresa May au poste de Premier ministre du Royaume-Uni depuis le 24 juillet, a finalement réussi à obtenir la tenue d’élections générales anticipées, qui se dérouleront le 12 décembre. Boris Johnson a souhaité mettre en place ces élections pour deux objectifs liés : la reconquête d'une majorité absolue à la Chambre des communes (perdue par Theresa May lors des élections générales de juin 2017), qui est la condition sine qua non de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne dans le cadre de l’accord négocié mi-octobre avec Bruxelles.
Un pays profondément divisé par le Brexit
Dans une élection dominée quasi-exclusivement par le thème du Brexit, le choix est laissé aux électeurs d'adosser les conservateurs de Boris Johnson et son compromis avec l’UE, ou sortie sans accord prônée par Nigel Farage et le Brexit Party (BP).
Quant au Parti travailliste (deuxième force du pays après le Parti conservateur), celui-ci s’oppose à un Brexit sans accord tout en faisant campagne pour que son chef de file Jeremy Corbyn soit élu Premier ministre et renégocie à son tour l’accord avec l’UE. Jeremy Corbyn propose ensuite de soumettre ce nouvel accord à un second référendum.
Les libéraux-démocrates souhaitent, eux, rester au sein de l’UE et annuleraient purement et simplement le divorce avec l’UE. S'ils n'ont que peu de chances d’emporter ces élections, tout dépendra des accords que seront en mesure de passer les divers acteurs du camp du «remain».
Le BP risque-t-il de disperser les voix pro-Brexit ?
Du point de vue de Boris Johnson, dont le pari est risqué, un obstacle majeur perturbe le dessein d’une majorité absolue en faveur du Parti conservateur : Nigel Farage et son Brexit Party (BP). Ce dernier, ex-président du UKIP (United Kingdom Independance Party), devenu ensuite chef de file du mouvement pour le Leave, prône un «hard» Brexit, soit un divorce total entre le Royaume-Uni et l’UE. Nigel Farage et les 600 candidats du BP présents dans l’ensemble de la Grande-Bretagne, pourraient donc diviser les votes en faveur du Brexit, et donc menacer les probabilités d’une majorité absolue en faveur du Parti conservateur. Ce partisan d'une ligne dure avait pourtant proposé un «pacte de non-agression» à Boris Johnson moyennant une révision de l'accord conclu avec Bruxelles, mais le Premier ministre l'a refusé.
Par ailleurs, afin d’appuyer son «hard» Brexit et de donner plus de visibilité au BP, Nigel Farage a organisé un entretien avec Donald Trump dans le cadre de son émission quotidienne sur la radio LBC, le 31 octobre. Déconstruisant l’un des principaux arguments du Parti conservateur en faveur de l’accord négocié mi-octobre avec Bruxelles, le président américain a jugé que ce texte «pourrait empêcher le Royaume-Uni de conclure un accord [de libre-échange] avec les Etats-Unis».
President Trump just reiterated his concerns that @BorisJohnson’s new EU treaty stops us striking a trade deal with America.
— Nigel Farage (@Nigel_Farage) 3 novembre 2019
His deal is not Brexit and it does not get Brexit done. pic.twitter.com/s3J7lCPsuj