Catalogne : 51 arrestations, Madrid convoque une réunion d'urgence avec les partis
La situation s'envenime en Catalogne où les manifestations se succèdent après la condamnation à des peines de prison de leaders indépendantistes. Madrid promet de réagir avec «fermeté», alors que les manifestants vont entamer une grève générale.
La condamnation à de lourdes peines de prison, allant de neuf à treize ans, de plusieurs figures indépendantistes n'en finit pas de faire des remous en Catalogne. 51 personnes ont ainsi été arrêtées dans la foulée des manifestations qui ont été émaillées d'affrontements avec les forces de l'ordre, dans la soirée du 15 au 16 octobre.
Dans le détail, le ministère de l'Intérieur a fait état de 29 personnes arrêtées dans la province de Barcelone, 14 dans celle de Tarragone et 8 dans celle de Lérida. 72 policiers ont en outre été blessés, certains souffrant de fractures selon le ministère qui annonce que 40 000 personnes ont manifesté à Barcelone. Entre forces de l'ordre et manifestants, ce sont 125 personnes qui ont été blessées, selon les services d'urgence.
Alors que la situation s'envenime très rapidement, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a convoqué les chefs des principaux partis espagnols pour les consulter sur la réponse à donner. Dénonçant la «violence généralisée» à Barcelone et dans d'autres villes de Catalogne, il a affirmé dès le début de la crise qu'il n'hésiterait pas à prendre des mesures extraordinaires pour garantir la sécurité, y compris à suspendre l'autonomie de la région, comme en octobre 2017, lorsque le parlement catalan avait tenté de faire appliquer les résultats du référendum d'indépendance. «Une minorité veut imposer la violence dans les rues des villes catalanes [...] Il est évident que nous ne sommes pas face à un mouvement citoyen pacifique mais coordonné par des groupes qui utilisent la violence dans la rue pour rompre la coexistence en Catalogne», a ajouté le gouvernement en promettant de «garantir la sécurité» avec «fermeté».
Appel à la grève générale
De leur côté, les indépendantistes entendent poursuivre leur mobilisation dans les jours à venir : des marches sont parties de cinq villes pour converger le 18 octobre à Barcelone, jour de «grève générale» et de manifestation massive. Ces tensions, qui ne sont pas parties pour s'apaiser, pourraient même impacter le Clasico, rencontre entre le FC Barcelone et le Real Madrid visionnée par toute la planète. La Liga de football a en effet demandé à ce que le match puisse se jouer à Madrid le 26 octobre, et non à Barcelone comme prévu, par crainte de débordements.
A moins d'un mois des prochaines élections législatives du 10 novembre, les quatrièmes en quatre ans, la Catalogne s'impose de nouveau comme le thème central du débat politique dans le pays. Arrivé au pouvoir en juin 2018 avec l'appui au Parlement des indépendantistes catalans, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait ébauché avec eux un dialogue qui s'était rompu en février, au début du procès.
Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) – le parti d'Oriol Junqueras, qui s'est vu infliger la plus lourde peine avec 13 ans de prison pour sédition – a fait savoir que pour dialoguer il faudrait d'abord adopter une loi d'amnistie. Une requête difficilement envisageable à l'heure actuelle pour un Pedro Sanchez mis sous pression de la droite, qui l'accuse de manquer de fermeté face aux indépendantistes.