«On va la flinguer lors du vote» : la gaffe du PPE après l'éviction de Sylvie Goulard
Alors que le Parlement européen a rejeté pour la deuxième fois la candidature de Sylvie Goulard au poste que commissaire européenne, un tweet révèle que cette éviction était décidée en amont par le PPE. Une stratégie qui a surpris jusqu'à l'Elysée.
Nouveau couac à Bruxelles ? Alors que le parti populaire européen (PPE), groupe représentant la droite et le centre-droit, venait de publier sur Twitter l’avis négatif de la commission juridique sur la nomination de Sylvie Goulard en tant que commissaire européenne au marché intérieur, une phrase a attiré l’œil des observateurs.
Le message en question apparaissait au second plan d'une image publiée dans un tweet du PPE, depuis supprimé, visant à annoncer le rejet de la candidature de Sylvie Goulard, dans ce qui est décrit par la correspondante bruxelloise du Financial Times comme «une discussion WhatsApp interne». «Les gars, nous allons la flinguer plus tard lors du vote mais ne dites [rien] avant», peut-on clairement lire à propos de Sylvie Goulard sur les différentes captures d’écran reprises sur les réseaux sociaux.
#scenes in Goulard fight today. The @EPPGroup tweeted a statement (now deleted) which accidentally showed the background of an internal WhatsApp chat where they promise to "kill Goulard in the vote but don't say it ...yet" 🧐 pic.twitter.com/aKuK22sys0
— Mehreen (@MehreenKhn) October 10, 2019
«Une claque majeure pour Emmanuel Macron»
Après une seconde audition devant le Parlement européen, le 10 octobre, la candidature de Sylvie Goulard au poste de commissaire responsable du marché intérieur, de l’industrie, du numérique, de la défense et de l’espace, a été rejetée par 82 voix contre 29.
Lors de ses deux déclaration devant les eurodéputés, la candidate française avait dû s'expliquer sur sa démission, en juin 2017, de son poste de ministre des Armées après sa mise en cause dans une enquête judiciaire en France sur des emplois présumés fictifs d'assistants des eurodéputés du Mouvement démocrate (MoDem). L'Office européen de lutte antifraude (OLAF) avait également ouvert une enquête sur la même affaire, sans aboutir pour l'heure à une mise en examen de Sylvie Goulard.
Des interrogations avaient également été émises sur ses activités ayant justifié d'importantes rémunérations obtenues entre 2013 et 2016 de l'institut Berggruen, un think tank américain fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, alors qu'elle était députée européenne. En tant que consultante, elle aurait ainsi touché plus de 10 000 euros mensuels entre octobre 2013 et janvier 2016 tout en occupant son poste d'eurodéputée.
Ce revers constitue, de l'avis du très europhile journaliste Jean Quatremer, «une claque majeure pour Emmanuel Macron qui a imposé cette candidate contre l’avis de tous». Le président de la République n’avait d’ailleurs pas caché son désarroi à l’annonce de la nouvelle se fendant d’un : «Je ne comprends pas».
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