Le navire Sea-Watch force les eaux italiennes avec 42 migrants à son bord, Salvini furieux
Le ministre italien de l'Intérieur a menacé que Rome n'identifie plus les migrants à leur arrivée – afin de les laisser gagner plus facilement le reste de l'Europe – après qu'un navire de secours a pénétré de force les eaux italiennes.
Le navire humanitaire Sea-Watch mouille ce 27 juin en face du port de l'île de Lampedusa après avoir annoncé la veille qu'il forçait le blocus des eaux territoriales italiennes afin de débarquer les 42 migrants bloqués à bord depuis 14 jours. «J'ai décidé d'entrer dans le port de Lampedusa. Je sais ce que je risque, mais les 42 naufragés à bord sont épuisés. Je les emmène en lieu sûr», a ainsi fait savoir sur Twitter le capitaine du navire, Carola Rackete, une jeune allemande portant des dread-locks.
Sur les sites de trafic maritime, les relevés du navire battant pavillon néerlandais montraient qu'après avoir navigué le long de la ligne des eaux italiennes pendant une dizaine de jours, il l'avait franchie à la mi-journée en prenant la direction du port de Lampedusa.
Nous ferons usage de tous les moyens démocratiquement permis pour bloquer cette insulte au droit et aux lois
Il a dénoncé le «petit jeu politique sordide» de l'ONG, mais aussi l'indifférence affichée par les Pays-Bas, dont le Sea-Watch bat le pavillon, et l'Allemagne, le pays de l'ONG. «Nous ferons usage de tous les moyens démocratiquement permis pour bloquer cette insulte au droit et aux lois», avait alors réagi en direct le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini (extrême droite), dans une vidéo sur Facebook.
Les gouvernements de Berlin et La Haye «en répondront», a encore menacé le natif de Milan. Le capitaine du navire et les responsables de Sea-Watch risquent désormais des poursuites pour aide à l'immigration clandestine, ainsi que la saisie du bateau et une amende de 50 000 euros conformément à un nouveau décret du gouvernement italien. Pour accentuer la pression, le ministre italien de l'Intérieur a menacé que l'Italie n'identifie plus les migrants à leur arrivée, afin de les laisser gagner plus facilement le reste de l'Europe. La Commission européenne a répliqué en menaçant Rome d'une nouvelle procédure d'infraction. La veille, la Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par l'ONG allemande, avait refusé d'intervenir en urgence, demandant cependant à l'Italie de «continuer de fournir toute assistance nécessaire» aux personnes vulnérables à bord.
Sur les 53 migrants secourus le 12 juin par le Sea-Watch au large de la Libye, l'Italie a déjà accepté le débarquement de 11 personnes vulnérables (enfants, femmes, malades...). A terre, des dizaines de villes allemandes se sont dites prêtes à accueillir les migrants, et l'évêque de Turin, Cesare Noviglia, a annoncé que son diocèse proposait de les prendre en charge.
Le curé de Lampedusa, Carmelo La Magra, campait depuis plusieurs jours sur le parvis de son église pour réclamer le débarquement des migrants. En janvier, 32 migrants secourus par le Sea-Watch étaient restés bloqués 18 jours à bord avant de pouvoir débarquer à Malte grâce à un accord de répartition entre plusieurs pays européens.
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