Incident de Kertch : le tribunal maritime international exige la libération des marins ukrainiens
- Avec AFP
La justice internationale a sommé Moscou de libérer sans délai les 24 marins ukrainiens détenus depuis novembre à la suite de l'incident de Kertch, qui a attisé les tensions entre l'Ukraine et la Russie, en conflit depuis cinq ans.
«La Fédération de Russie doit procéder immédiatement à la libération des 24 militaires ukrainiens détenus et les autoriser à rentrer en Ukraine», a déclaré le 25 mai le juge sud-coréen Jin-Hyun Paik. Ainsi, le Tribunal maritime international exige la libération des marins ukrainiens détenus depuis novembre à la suite d'un incident naval entre l'Ukraine et la Russie, survenu le 25 novembre 2018.
«La privation continue de liberté que subissent les militaires ukrainiens est préoccupante d'un point de vue humanitaire», a ajouté le président de ce tribunal qui veille à l'application de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, reconnue par 168 pays dont la Russie. Dans leur ordonnance, les juges ont également prescrit une autre «mesure conservatoire», enjoignant à la Russie de remettre là aussi «immédiatement» à Kiev les navires militaires Berdyansk, Yani Kapu et Nikopol arraisonnés en novembre 2018 lors de leur passage au large de la Crimée, rattachée à la Russie depuis un référendum en 2014.
Kiev avait saisi en avril le tribunal basé dans la ville portuaire allemande de Hambourg.
Toutefois, la partie russe a boycotté la procédure et récusé toute compétence au tribunal de Hambourg pour statuer sur un conflit qu'elle juge «militaire», position qu'elle a d'ailleurs réitérée le 25 mai après le jugement. Ainsi, le ministère des Affaires étrangères russe a affirmé dans un communiqué que la situation aurait pu être évitée «si la loi russe concernant la navigation dans cette région avait été respectée». Le ministère a par ailleurs déploré le comportement «irresponsable» des marins ukrainiens.
De son côté, le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky, un comédien novice en politique, élu sur fond de lassitude face à des dirigeants jugés corrompus et incapables de sortir le pays du conflit, a estimé que l'application de la décision du Tribunal maritime international «pourrait être le premier signe de la part du pouvoir russe qu'il est réellement prêt à mettre fin au conflit avec l'Ukraine».
L'affaire des marins remonte au 25 novembre 2018 quand la Russie, dénonçant une «agression», a arraisonné trois navires ukrainiens au large de la Crimée, affirmant qu'ils étaient entrés illégalement dans les eaux russes. Les bateaux évoluaient près du détroit de Kertch, une zone maritime très sensible entre les deux pays qui relie la mer Noire et la mer d'Azov, à l'est de la Crimée.
L’Ukraine a elle toujours nié que ses navires avaient violé la frontière russe. Vladimir Poutine avait pour sa part répondu le 28 novembre que l'incident était une «provocation» délibérée orchestrée par les autorités ukrainiennes.
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