Emmanuel Macron reçoit le maréchal Haftar et constate l'impasse pour une cessation des hostilités
- Avec AFP
Après avoir reçu le maréchal libyen Khalifa Haftar à Paris, l'Elysée s'est montrée pessimiste quant à un cessez-le-feu. La diplomatie française, pour qui la situation est «difficile à décrypter», a promis d'être active dans les semaines à venir.
Alors que les combats ont gagné en intensité aux abords de la capitale libyenne, le président français a reçu le 23 mai l'homme fort de l'est de la Libye, le maréchal Khalifa Haftar. Selon la présidence française, Emmanuel Macron lui a demandé qu'une cessation des hostilités «intervienne le plus tôt possible».
Mais le palais présidentiel a reconnu que la défiance entre les acteurs libyens était «plus forte que jamais», notant «l'impasse entre le souhait de la communauté internationale pour une cessation des hostilités et la manière de voir du maréchal Haftar». Ce dernier ne s'est pas exprimé à l'issue de la réunion, qui a duré un peu plus d'une heure.
Durant les échanges, en présence du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le maréchal a «longuement expliqué et justifié», selon l'Elysée, l'offensive militaire qu'il a lancée début avril sur Tripoli pour, a-t-il dit, lutter contre «les milices privées et les groupes radicaux» dont l'influence grandit dans la capitale.
Son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) fait cependant face à la résistance des forces du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et basé dans la capitale. Les combats ont fait depuis le 4 avril plus de 510 morts et 2 467 blessés, selon l'Organisation mondiale de la Santé.
Situation «délicate et difficile à décrypter» selon la diplomatie française
Le maréchal Haftar a présenté à chef d'Etat français la situation sur le terrain comme étant «en progrès et en dynamique», en affirmant qu'il consolidait «progressivement ses positions». A la fin de la réunion, il a semblé «convaincu qu'une reprise du processus politique était indispensable» mais «il n'a pas indiqué s'il allait faire une ouverture» en ce sens prochainement, selon la présidence.
De son côté, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a estimé le 23 mai à Tunis que le cessez-le-feu en Libye ne pouvait se faire sans le retrait des «agresseurs», c'est-à-dire des forces du maréchal Khalifa Haftar. «L'appel à cessez-le-feu ne peut se faire qu'avec le retrait des forces de l'agresseur», a insisté Fayez al-Sarraj, dans un communiqué.
L'Elysée a annoncé que la diplomatie française serait «très active dans les prochaines semaines» pour essayer de favoriser une solution, sans être «naïve» face à «une situation délicate et difficile à décrypter». Elle maintiendra pour cela «un dialogue constant» avec l'ONU, l'Italie, ancienne puissance coloniale, les autres capitales européennes, Washington et les acteurs régionaux, comme l'Égypte.
Depuis l'offensive menée sur Tripoli par le maréchal Haftar, la France peine à faire connaître sa position. Emmanuel Macron a reçu en mai le chef du gouvernement d’union nationale, rappelant le soutien indéfectible de Paris à celui-ci malgré le flou. Emmanuel Macron avait reçu le 8 mai le chef du GNA Fayez al-Sarraj, qui avait accusé la France de soutenir le maréchal Haftar, des critiques jugées «inacceptables et infondées» par Paris.
Lire aussi : Libye : derrière la guerre fratricide entre Haftar et Sarraj, l’ombre de Daesh