Libye : les forces de Haftar s'apprêtent à avancer vers l'ouest, Tripoli dénonce une provocation
A 10 jours d'une conférence nationale sous l'égide de l'ONU, le maréchal Haftar a annoncé une offensive d'envergure afin de «purger l'ouest» de la Libye. Le chef du Gouvernement d'union nationale, Fayez al-Sarraj, a en retour dénoncé une «escalade».
Nouvelle opposition armée entre les deux principaux centres de pouvoirs libyens ?L'Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar, homme fort de l'est du pays, a en effet annoncé le 3 avril qu'elle préparait une offensive pour «purger l'Ouest» de la Libye, dont la capitale Tripoli, «des terroristes et des mercenaires». Le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'organisation, a fait l'annonce au cours d'une conférence de presse à Bengahzi (est) affirmant que «les préparatifs» de l'opération «étaient sur le point de s'achever».
A Tripoli, le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a dénoncé dans un communiqué une «escalade» et des déclarations «provocatrices». Deux autorités se disputent aujourd'hui le pouvoir en Libye : le GNA établi fin 2015 en vertu d'un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli, et une autorité rivale installée dans l'est et contrôlée par l'ANL.
Le bureau média de l'ANL avait plus tôt indiqué via Facebook que «sur ordre» du maréchal Haftar, «plusieurs unités militaires s'étaient dirigées vers la région ouest pour la nettoyer de ce qu'il reste des groupes terroristes».
Fayez al-Sarraj a en réponse appelé ses rivaux, sans les nommer, à «arrêter le langage de la menace», les invitant à faire preuve «de sagesse et de raison». Il a précisé par ailleurs avoir ordonné aux forces pro-GNA de se tenir prêtes pour «faire face à toute menace [...] que ce soit des groupes terroristes, criminels, hors la loi et tout ce qui met en péril la sécurité de toute ville libyenne».
Une conférence nationale sous l'égide de l'ONU doit avoir lieu dans 10 jours
Le chef du Gouvernement d'union nationale a rappelé que l'«escalade» annoncée par l'ANL intervient à quelques jours de la tenue d'une conférence nationale sous l'égide de l'ONU (14-16 avril), destinée à dresser une «feuille de route» afin de sortir le pays du chaos.
«Les Libyens y voient une lueur d'espoir et une sortie de crise, une occasion pour unifier les institutions et un chemin vers des élections», a-t-il fait valoir, mettant en garde ses rivaux qui «œuvrent à saper» tout le processus. Le maréchal Haftar avait exprimé à plusieurs reprises son souhait de marcher sur la capitale, sans toutefois passer à l'acte. En janvier, il avait déjà annoncé une opération militaire dans le sud-ouest désertique du pays visant, selon lui, à y éliminer les «groupes terroristes et criminels».
L'ANL, qui dispose déjà de soutiens dans le Sud, s'est emparée sans combats, notamment de la ville de Sebha (centre) ainsi que d'un important champ pétrolier plus au sud. Des analystes estiment toutefois que l'ANL n'a pas la force suffisante pour avancer dans l'Ouest, avec en face de puissants groupes armés qui lui sont hostiles, dont en particulier ceux de Misrata.