Trump envisage d'envoyer des clandestins dans des «villes sanctuaires» démocrates
- Avec AFP
Dans un véritable défi lancé à ses opposants, le président américain a dit envisager «très sérieusement» d’envoyer des migrants illégaux vers des villes gérées par des démocrates, qui refusent leur arrestation à grande échelle.
Le président américain Donald Trump a confirmé le 12 avril envisager le transfert de clandestins arrêtés à la frontière vers des «villes sanctuaires», pour la plupart démocrates, afin, a-t-il ironisé, de faire plaisir à ses adversaires politiques.
Les «villes sanctuaires» qu'il évoque, comme San Francisco ou Chicago, refusent d'arrêter à grande échelle les migrants en situation irrégulière, limitant ainsi leur coopération avec les agents fédéraux chargés de l'immigration.
Due to the fact that Democrats are unwilling to change our very dangerous immigration laws, we are indeed, as reported, giving strong considerations to placing Illegal Immigrants in Sanctuary Cities only....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 12 avril 2019
«Sachant que les démocrates sont réticents à changer nos lois très dangereuses sur l'immigration, nous envisageons en effet très sérieusement, comme rapporté [par la presse], de placer des immigrants illégaux dans des villes sanctuaires», a écrit sur Twitter le président américain.
Le locataire de la Maison Blanche a rédigé ces tweets au lendemain d'un article du Washington Post. Selon le journal, qui citait un responsable de la Maison Blanche sous couvert d'anonymat, cette hypothèse était «simplement une suggestion» qui a finalement été «rejetée». Prenant le contre-pied de ses propres services, Donald Trump a donc affirmé que ce projet était en réalité toujours d'actualité.
....The Radical Left always seems to have an Open Borders, Open Arms policy – so this should make them very happy!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 12 avril 2019
«La gauche radicale semble toujours avoir une stratégie de frontières ouvertes [...]. Cela devrait les rendre très heureux», a-t-il lancé dans un tweet chargé d'ironie. «Nous leur donnerons beaucoup [d'immigrants illégaux]», a-t-il ajouté un peu plus tard lors d'une cérémonie à la Maison Blanche. «Nous avons une offre illimitée à leur proposer», a-t-il encore ironisé.
Les maires de plusieurs grandes villes concernées ont riposté au président, réaffirmant, également sur Twitter, leur détermination à demeurer des «villes sanctuaires».
«La dernière idée haineuse de l'administration Trump n'est rien de plus qu'une diversion superflue et une perte de temps. Nous avons besoin de vraies solutions qui défendent nos valeurs, pas de politiques honteuses qui diabolisent les immigrés», a ainsi réagi Eric Garcetti, maire démocrate de Los Angeles.
The Trump Administration's latest hateful idea is nothing more than a needless distraction and a waste of time. We need real solutions that uphold our values — not disgraceful policies that demonize immigrants and will never become reality. https://t.co/PPGCNkWc9A
— Mayor Eric Garcetti (@MayorOfLA) 12 avril 2019
Sur la côte est, le maire de New York, Bill de Blasio, a quant à lui accusé Donald Trump «de créer crise sur crise dans le cadre d'une stratégie cynique».
Cruelty is the only constant in @realDonaldTrump’s immigration policy. He's obsessed with creating crisis after crisis in a cynical ploy to turn us against our immigrant neighbors. It didn’t work before.
— Mayor Bill de Blasio (@NYCMayor) 12 avril 2019
It won't work now.
«A San Francisco, nous sommes fiers d'être une ville sanctuaire et nous continuerons à protéger nos habitants», a écrit la maire de la ville, London Breed, estimant elle aussi que le président Trump cherchait «à faire les gros titres et à détourner l'attention des vrais problèmes».
This is just another in a long line of scare tactics and half-baked ideas that are just about chasing headlines and distracting people from real issues. In SF we are proud to be a sanctuary city and we’ll continue to stand up for all of our residents. https://t.co/qbc19UZq3u
— London Breed (@LondonBreed) 12 avril 2019
Elue de San Francisco, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, est elle aussi montée au créneau pour dénoncer, via une porte-parole, «le cynisme et la cruauté» de l'exécutif. «Utiliser des êtres humains - dont de jeunes enfants - comme pions dans leur jeu tordu pour alimenter la peur des immigrés est méprisable», a dit cette porte-parole.
Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration illégale son cheval de bataille et a dépeint les milliers de migrants venus d'Amérique centrale ces derniers mois comme une menace à la sécurité nationale, accusant régulièrement les démocrates de laxisme. Il a réclamé, en vain jusqu'ici en l'absence d'accord au Congrès, une refonte profonde des lois sur l'immigration, jugeant que les textes en vigueur aux Etats-Unis faisaient partie «des plus stupides au monde».
Le Pentagone a indiqué le 10 avril s'attendre à de nouvelles demandes d'assistance de l'administration Trump pour empêcher l'immigration illégale à la frontière avec le Mexique. Outre quelque 6 000 militaires déployés le long de la frontière, le Pentagone a été chargé par le ministère de la Santé de trouver des installations militaires susceptibles d'accueillir 5 000 enfants migrants non accompagnés.
Par ailleurs, frustré par le refus du Congrès de lui accorder le budget qu'il réclamait pour construire un mur à la frontière avec le Mexique, Donald Trump a déclenché mi-février une procédure d'«urgence nationale», qui lui permet de contourner les parlementaires pour débloquer des financements. Le ministre de la Défense par intérim Patrick Shanahan a d'ores et déjà débloqué un milliard de dollars du budget de lutte contre le trafic de drogue du Pentagone pour la construction d'une section du mur frontalier.