«Menaces sérieuses sur sa souveraineté» : le Venezuela ferme sa frontière avec la Colombie
Alors que l'opposant pro-américain Juan Guaido persiste a vouloir livrer l'aide humanitaire de Washington, le gouvernement vénézuélien a décidé de fermer sa frontière avec la Colombie, en raison des «menaces sérieuses sur sa souveraineté».
La crise vénézuélienne se cristallise autour des livraisons d'aide humanitaire voulues par Washington : après avoir fermé sa frontière avec le Brésil, Caracas a pris une décision similaire concernant la Colombie, le 22 février. Le gouvernement de Nicolas Maduro a ainsi ordonné la fermeture de la frontière dans l'Etat de Tachira, voisin de la ville colombienne de Cucuta, depuis laquelle l'opposant pro-américain Juan Guaido entendait diriger ces livraisons.
«En raison des menaces sérieuses et illégales proférées par le gouvernement de Colombie contre la paix et la souveraineté du Venezuela, le gouvernement a pris la décision d'une fermeture totale temporaire des ponts Simón Bolívar, Santander et Unión», a tweeté la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez. «La normalité aux frontières sera rétablie quand les actes grossiers de violence contre notre peuple et notre territoire seront sous contrôle», a-t-elle précisé.
Trois ponts enjambant le fleuve Tachira, qui sépare le Venezuela de la Colombie, étaient ouverts à la circulation dans l'Etat du même nom, parmi lesquels le pont Simon Bolivar, dans la ville de San Antonio, une voie de passage très fréquentée par les piétons. Un quatrième, le pont de Tienditas qui relie le Venezuela à Cucuta, est en revanche bloqué depuis début février par l'armée vénézuélienne.
L'opposant pro-américain Juan Guaido, autoproclamé président par intérim et reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, s'est rendu à Cucuta le 22 février, malgré un ordre judiciaire lui interdisant de quitter son pays. La ville s'est ainsi transformée en bastion de l'opposition vénézuélienne. Un concert en son soutien s'y est tenu, organisé par le milliardaire britannique Richard Branson. Juan Guaido en a profité pour faire monter la pression sur Caracas, et fixer au 23 février le jour J pour l'entrée de l'aide humanitaire envoyée des Etats-Unis.
L'aide humanitaire américaine, cheval de Troie selon Maduro
Mais le président de la République bolivarienne du Venezuela, qui considère cette aide humanitaire comme un cheval de Troie pour justifier l'intervention militaire évoquée par Washington, n'a visiblement pas l'intention de se laisser impressionner par ces manœuvres. Nicolas Maduro a également appelé les Vénézuéliens à manifester le 23 février, alors qu'un contre-concert en soutien du gouvernement, intitulé «Hands off Venezuela» (Pas touche au Venezuela), a été organisé. Avant d'ordonner la fermeture des frontières de son pays avec le Brésil et la Colombie, le chef d'Etat n'avait par ailleurs pas hésité à qualifier de «show politique» et de «piège attrape-nigaud» la demande d'envoi d'aide américaine de l'opposant Juan Guaido.
Une analyse partagée par Moscou, qui a accusé Washington d'utiliser cette aide comme un «prétexte pour une action militaire» dans le but d'écarter du pouvoir le président légitime du pays. La Russie a par ailleurs confirmé le 21 février avoir remis au Venezuela une cargaison de médicaments et d’équipements médicaux par l’intermédiaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
S'il a remercié Moscou ainsi que l'Organisation panaméricaine de la santé pour l'approvisionnement en médicaments du pays, Nicolas Maduro souhaite avant tout la levée du blocus économique qui pèse sur le Venezuela, qui constituerait à ses yeux la meilleure des aides humanitaires.