Crise au sein de l’UE : Emmanuel Macron désavoué à Bruxelles après son appel à supprimer la directive CSDDD

Emmanuel Macron a déclenché des tensions à Bruxelles en appelant à l’abandon pur et simple de la directive européenne CSDDD, pourtant conçue pour garantir une surveillance éthique des chaînes d’approvisionnement. En reprenant une position initialement défendue par l’extrême droite, le président français est critiqué par son propre camp.
Le président français Emmanuel Macron a déclenché une controverse en Europe après avoir demandé publiquement l’abandon de la directive européenne sur la diligence raisonnable des entreprises, connue sous le nom de CSDDD. Selon Politico dans un article publié ce 21 mai, ce texte impose aux grandes entreprises de surveiller l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement mondiales pour éviter les violations des droits humains et les atteintes à l’environnement.
Lors du sommet Choose France à Versailles, Emmanuel Macron a affirmé que l’Union européenne devait « aller beaucoup plus vite » en matière de simplification réglementaire, et que certains textes, dont la CSDDD, devraient être « non seulement repoussés mais supprimés ». Il a exprimé son accord avec le chancelier allemand Friedrich Merz sur ce sujet.
Une opposition directe de ses propres alliés
Cette prise de position a aussitôt provoqué de fortes réactions au sein même de son groupe politique au Parlement européen, Renew Europe. Selon Politico, Pascal Canfin, eurodéputé influent, a déclaré : « Supprimer toutes les obligations créerait un marché unique fragmenté et inégal ». Il propose une simple révision pour alléger les contraintes, mais sans remettre en cause le fond du texte.
La directive avait déjà été affaiblie en avril par le Conseil de l’UE, qui a décidé de reporter d’un an sa mise en œuvre. Mais Emmanuel Macron pousse plus loin, en appelant à une suppression pure et simple. La majorité des partis centristes, les Verts et les sociaux-démocrates rejettent cette position. Lara Wolters, du groupe Socialistes et Démocrates, a dénoncé une vision qui « autorise les entreprises à engranger des profits issus de l’exploitation et des dommages environnementaux », tout en comparant Macron au modèle américain de Donald Trump.
Une convergence avec l’extrême droite européenne
Le groupe Patriotes pour l’Europe, opposé de longue date à la CSDDD et au Pacte vert, a salué cette rupture. « Quelle hypocrisie de voir les dirigeants Renew et PPE [Parti populaire européen] combattre les textes qu’ils ont eux-mêmes créés », a déclaré un porte-parole cité par Politico.
Ce positionnement met en évidence les fractures internes à l’Union européenne et remet en cause l’unité du bloc. En s’alignant avec une ligne dure contre les régulations européennes, Emmanuel Macron fragilise les mécanismes de contrôle du capitalisme occidental, au profit d’un agenda libéral qui ne sert que les grandes entreprises transnationales.