Les agriculteurs français de nouveau mobilisés : la FNSEA dénonce des promesses non tenues

La FNSEA appelle à une mobilisation nationale pour défendre un texte jugé crucial par le monde agricole. Ce projet de loi devait permettre de lever certaines contraintes pesant sur les exploitants, il est désormais menacé par des amendements en commission. Le président de la FNSEA dénonce un «sentiment de trahison» face à des promesses non tenues.
La colère gronde à nouveau dans le monde agricole français. À l’appel de la FNSEA, principal syndicat agricole, et des Jeunes Agriculteurs (JA), une nouvelle vague de mobilisation est prévue à partir du 26 mai. Ce jour-là, l’Assemblée nationale commencera l’examen d’une proposition de loi portée par le sénateur LR Laurent Duplomb, texte jugé essentiel par les syndicats car censé alléger les contraintes pesant sur l’activité agricole.
Adoptée au Sénat, la loi vise notamment à faciliter l’accès à l’eau, aux pesticides et à l’agrandissement des exploitations. Pourtant, selon la FNSEA, plusieurs articles clés du texte sont en train d’être « détricotés » par les députés. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a dénoncé sur RMC le 15 mai un « sentiment de trahison »: « Pour nous, les promesses sont faites pour être tenues », a-t-il lancé, rappelant que les engagements pris après les grandes manifestations de 2024 ne se traduisent par aucune avancée concrète.
Eau, pesticides et souveraineté alimentaire au cœur du combat
L’un des points les plus contestés est la suppression de l’article 5 par la commission du développement durable, article qui prévoyait des dérogations environnementales pour le stockage d’eau, qualifié initialement d’« intérêt général majeur ». Arnaud Rousseau a fustigé « les fossoyeurs de la souveraineté alimentaire », ajoutant: « Où sont les engagements pris ? ».
Dans un contexte de concurrence agricole internationale, la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, est perçue comme une victoire. « Nous produisons 12 % des noisettes consommées en France. Le reste est importé, dont 70 % de Turquie avec des substances interdites ici », a rappelé Arnaud Rousseau sur RMC. Il estime que c’est « la question de la souveraineté alimentaire de la France » qui est en jeu.
Une mobilisation nationale pour peser sur le vote
Malgré quelques avancées, la FNSEA reste sur ses gardes. Elle craint que le texte, tel qu’il a été voté au Sénat, ne soit affaibli par les députés. Soutenue par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, qui affirme dans Le Figaro que « nos agriculteurs méritent ce texte », la FNSEA exige des engagements fermes. Le syndicat prévoit des actions « à la fois à Paris et en province », à une période cruciale pour les exploitants, en pleine préparation des récoltes.
En parallèle, plus de 1000 chercheurs et professionnels de santé ont publié une lettre ouverte le 5 mai, relayée par RMC, dénonçant les dangers de cette loi pour la santé publique et l’environnement. Ils alertent notamment sur la possible mise à l’écart de l’Anses, l’autorité sanitaire, dans les décisions concernant les pesticides.
Pour la FNSEA, ce texte complète la loi d’orientation agricole (LOA) promulguée en février mais partiellement censurée. « Cette LOA, c’est le socle et les murs. Le toit, c’est ce texte », explique Quentin Le Guillous au Figaro. L’objectif est désormais clair : « mettre la pression » sur les députés. « Vous nous avez soutenus l’an dernier. Maintenant, il faut se retrousser les manches », conclut-il.