Les Kurdes préviennent qu'ils s'entendront avec Assad si les Occidentaux ne les aident pas
- Avec AFP
A la manœuvre pour l'ultime offensive contre Daesh à Baghouz en Syrie, les Kurdes syriens craignent d'être lâchés par les Européens et les Américains une fois la guerre terminée. Ils menacent de s'accorder avec Damas pour résister face à la Turquie.
Les Kurdes syriens exhortent les Européens et les Etats-Unis à ne pas les abandonner une fois Daesh vaincu. Ils appellent leurs alliés à contribuer à la création d'une force internationale dans le nord-est syrien face à la Turquie.
«Ces pays ont des engagements politiques et moraux [...] S'ils ne les tiennent pas, ils nous lâchent», avertit un haut responsable kurde syrien, Aldar Khalil, dans une interview à l'AFP le 17 février. Il a appelé en particulier la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, à œuvrer en faveur du déploiement d'une force internationale une fois les troupes américaines parties de Syrie.
Si les pays européens, les Etats-Unis ne font rien, on sera obligé de s'entendre avec le régime [syrien] pour qu'il envoie ses forces militaires sur les frontières et les protège
«La France peut faire une proposition au Conseil de sécurité pour notre protection ; elle peut proposer une force internationale entre nous et les Turcs, dont elle fasse partie, ou protéger notre ciel», suggère Aldar Khalil.
Les Kurdes abandonnés par les Occidentaux au sortir de la guerre ?
La milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) domine l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui participe au combat contre Daesh en Syrie. Les FDS assiègent les djihadistes dans un ultime réduit d'un demi-kilomètre carré à Baghouz, près de la frontière irakienne. Elles sont soutenues dans leur offensive par une coalition internationale sous commandement américain qui leur fournit un puissant appui aérien mais ne compte que quelques forces spéciales au sol. Mais avec le retrait des troupes américaines annoncé par le président Donald Trump, la milice kurde apparaît paradoxalement plus fragile que jamais.
Car depuis l'annonce en décembre du départ prochain des 2 000 soldats américains déployés dans les zones sous contrôle kurde, dans le nord-est de la Syrie, Ankara multiplie les menaces d'intervention. La Turquie s'oppose en effet à la création d'un territoire autonome kurde et considère les YPG comme la branche syrienne du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme terroriste par la Turquie.
Un accord en vue avec Damas ?
«Si les pays européens, les Etats-Unis ne font rien, on sera obligé de s'entendre avec le régime [syrien] pour qu'il envoie ses forces militaires sur les frontières et les protège», avertit ce responsable du Rojava, l'administration semi-autonome mise en place par les Kurdes depuis le début du conflit syrien en 2011.
Les Kurdes du Rojava ont disposé de soutiens occidentaux officiels ou officieux lors des offensives contre Daesh. Aujourd'hui, cette aide s'évanouit alors que l'Etat islamique est quasiment défait et que les Occidentaux n'ont plus besoin de ces combattants du Rojava. Les Kurdes syriens plaident actuellement pour disposer d'une région autonome, dotée d'une administration en propre en coordination avec Damas, selon une interview d'Aldar Khalil accordée au site à Al-monitor.
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