RDC: pour l'universitaire Alfred Shango, les autorités ont organisé une présidentielle «à huis clos»
Alfred Shango, maître de conférences à la Sorbonne-Nouvelle, est revenu ce 30 décembre pour RT France sur le déroulement de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo. Il déplore notamment un scrutin entâché de fraudes.
Alors que le premier tour de l’élection présidentielle prend fin ce 30 décembre en République démocratique du Congo (RDC), les doutes sur l'honnêteté du scrutin se succèdent. Sur le plateau de RT France, Alfred Shango, maître de conférences à la Sorbonne-Nouvelle et spécialiste de la RDC, déplore les «nombreuses irrégularités» ayant marqué cette échéance électorale. Pour lui, le gouvernement et la commission électorale indépendante ont «voulu organiser des élections à huis clos et [organisé] une fraude à très grande échelle» en l'absence d'observateurs internationaux.
«Ce sont des élections qui sont totalement tronquées. […] Il y a une année, s’est tenue l’élection des gouverneurs des 26 régions de la RDC. Or tous ces gouverneurs font partie justement du Parti du peuple pour la reconstruction (PPRD), le parti qui soutenait [Joseph] Kabila et aujourd’hui Emmanuel [Ramazani] Shadary. Ils sont au cœur, au niveau des régions, de ce système de fraude qui a été mis en place», affirme-t-il.
Interrogé sur l’issue du scrutin, Alfred Shango estime qu’Emmanuel Ramazani Shadary, présenté comme le dauphin du président sortant Joseph Kabila, n’est pas en réalité le favori du scrutin : «Quand on regarde bien. Il y a un candidat qui s’est démarqué de tous, il s’agit de Martin Fayulu. Qu’à cela ne tienne, le gouvernement en place et la commission électorale nationale indépendante (Céni) ont tout fait pour que cette prévision ne se réalise pas et que ce soit Emmanuel [Ramazani] Shadary qui l’emporte. Evidemment, dans cette hypothèse, de la victoire d’[Emmanuel Ramazani] Shadary, on sera naturellement dans la continuité de la même politique que les Congolais ont rejeté totalement.»
Enfin, Alfred Shango n’écarte pas le risque d’une résurgence des violences post-électorales. «Cette fois-ci, la [crise politique] risque de s’accentuer parce que [l’élection présidentielle est] chaotique et ce chaos peut déboucher sur des violences imprévisibles. Beaucoup de Congolais ont appelé, dans le cas où le vote est truqué comme cela en a l’air, d’appliquer l’article 64 de la Constitution donc la désobéissance [civile] et puis le soulèvement à travers toute la République démocratique du Congo».
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