Jean-Paul Gourévitch : le pacte de l’ONU sur les migrations est «vide et inapplicable» (ENTRETIEN)
Jean-Paul Gourévitch, consultant international sur les migrations, revient pour RT France sur le pacte des Nations unies sur les migrations, contesté par de nombreux pays dont les Etats-Unis, l’Autriche ou encore la Croatie.
Depuis sa finalisation, le Pacte de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur les migrations rencontre l’hostilité de plusieurs Etats, parmi lesquels les Etats-Unis et la Hongrie, qui s'en sont retirés. Quant à la Pologne et à la République tchèque, elles ont exprimé des doutes quant à sa pertinence. Ces nations estiment en effet que ce pacte réduirait leur souveraineté. Finalisé après 18 mois de négociations, le texte, non contraignant, prévoit notamment une série de mesures pour aider les pays à faire face à l'enjeu migratoire.
Pour Jean-Paul Gourévitch, consultant international sur les migrations, on ne peut reprocher à l’ONU d’essayer de mettre en place «une gouvernance internationale» et d’établir «un équilibre entre les aspirations d’un côté et la souveraineté des Etats de l’autre». Pour l'essayiste, néanmoins, ce pacte proposé par les Nations unies est «déséquilibré», «vide» et «inapplicable».
Selon lui, l’ONU ne possède pas les outils nécessaires pour faire appliquer ce texte : «On a considéré que c’était l’Organisation internationale des migrations (OIM, dépendant des Nations unies) qui allait mettre en place ces outils de travail. On a vu que lorsque qu’on confie le soin de mettre en application un certain nombre d’idées et de principes, elle a beaucoup de difficultés […] A partir du moment où vous aurez des pays qui ne l’appliqueront pas ou des pays qui l’auront voté mais qui feront en sorte de considérer qu’ils sont souverains […], ce pacte ne fonctionnera pas.»
Si officiellement, le pacte n’a pas de «valeur contraignante», Jean-Paul Gourévitch affirme qu'une «une judiciarisation» pourrait être mise en œuvre, sanctionnant les pays ne respectant pas les principes du texte. Le consultant international prend pour exemple, la récente condamnation de la France par un groupe d'experts de l'ONU pour avoir verbalisé en 2012 deux femmes qui portaient le voile islamique intégral. Ces derniers avaient demandé à Paris de «compenser» les plaignantes et de réviser sa loi.
«C’est un problème qui médiatiquement va toucher une partie de la population. Et une partie de la population française, supportera très mal que l’ONU vienne interférer dans [sa] propre souveraineté», fait valoir Jean-Paul Gourévitch. Enfin, il déplore que le pacte sur les migrations accorde peu d'importance au devoir «des pays d’origine» et «des pays de transit», en matière de migrations.
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