«Honneur de la Hongrie» contre «valeurs européennes» ? Orban renvoie la balle à ses détracteurs
A la veille du vote des parlementaires européens sur le déclenchement de la procédure de l'article 7 du traité de l'UE, qui entraînerait des sanctions contre la Hongrie, Orban s'est adressé aux eurodéputés pour les dissuader de faire un tel choix.
Le 11 septembre, le dirigeant hongrois Viktor Orban s'est rendu au Parlement européen de Strasbourg, pour dissuader les eurodéputés de voter le déclenchement de l’article 7 du traité de l’UE, celui-ci entraînant la mise en place d’une procédure contre un pays pour prévenir «une violation grave et persistante par un Etat membre des valeurs [européennes]».
Le peuple hongrois a décidé que [la Hongrie] ne deviendrait pas un pays de migrants.
Fustigeant les menaces qui pèsent sur son pays, Viktor Orban a expliqué que, selon lui, ledit rapport «bafou[ait] l'honneur de la Hongrie et du peuple hongrois», insistant par ailleurs sur le pouvoir souverain de ce dernier : «Les décisions hongroises sont prises par les électeurs.» En outre, le dirigeant hongrois a estimé que sa nation était sur le point d'être condamnée parce que «le peuple hongrois a[vait] décidé que [la Hongrie] ne deviendrait pas un pays de migrants».
Ce 12 septembre, les Parlementaires européens sont en effet invités à sanctionner la Hongrie sur proposition d'un rapport présenté par l'eurodéputée néerlandaise Judith Sargentini (Gauche verte), le document s'appliquant à mettre en avant «un risque clair de violation grave par la Hongrie des valeurs sur lesquelles l’Union est fondée». Parmi les 12 points reprochés à Budapest dans le document, on retrouve le «fonctionnement du système constitutionnel et électoral», l'état des «droits économiques et sociaux» ou encore l'état des «droits fondamentaux des migrants» dans le pays.
Dans son allocution devant les députés européens, le dirigeant hongrois s'est montré déterminé à tenir tête aux «forces pro-immigration» expliquant qu'il n'accepterait pas qu'elles fassent «un chantage» et qu'elles calomnient la Hongrie «sur la base de fausses accusations».
De son côté, la rapporteuse du document, Judith Sargentini, avait harangué ses semblables de la sorte : «Laisserez-vous un gouvernement bafouer sans conséquences les valeurs sur lesquelles cette Union [européenne] s'est construite ? Ou ferez-vous en sorte que les valeurs de cette Union soient plus que de simples mots écrits sur un bout de papier ?»
Procédure de l'article 7 : une première au Parlement
En décembre 2017 déjà, la Commission européenne avait décidé de déclencher de façon inédite la fameuse procédure de l'article 7 à l'encontre de la Pologne qui encourrait ainsi de lourdes sanctions en raison de certaines réformes judiciaires de Varsovie controversées au sein de l'Union européenne.
Mais, comme l'explique l'agence AFP, c'est la première fois que le Parlement européen fait usage de son droit de lancer la procédure.
Quant au vote qui doit en résulter, s'il s'annonce serré, il exacerbe la discorde des parlementaires au sein de certains groupes. A l'image de cette division, la première formation politique représentée au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), regroupe en son sein le parti hongrois anti-immigration de Viktor Orban (Fidesz) mais aussi celui d'Angela Merkel (CDU), la chancelière allemande étant de son côté à l'origine d'une politique d'ouverture migratoire massive, l'Allemagne ayant accueilli un million de migrants en 2015.
Dépité face à ce nouveau scénario de division, l'eurodéputé Guy Verhofstadt (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe), qui s'était déjà lamenté d'une potentielle disparition de l'Europe en pleine négociation sur le Brexit, a cette fois imploré ses homologues du PPE : «S'il vous plaît, arrêtez ce cauchemar.»